2 décembre 2015
Le Bourget, terre onusienne

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Quel mardi! Jim a « fait » sa COP21 et a vu dans la foulée, en avant-première sur les Champs Elysées, l’indispensable et brillantissime documentaire sur le devenir de la planète, et accessoirement de l’espèce humaine Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent, qui ne sera malheureusement pas diffusé ce mercredi en zone bleue- là où se font les négociations sous l’égide de l’ONU- mais dans l’Espace Générations Climat, à l’auditorium Mandela. Un grand homme pour un grand documentaire (sorti aujourd’hui mais malheureusement peu distribué) que Ségolène Royal, présente à la projection, pourra raconter à Najat Vallaud-Belkacem afin de le rendre obligatoire dans les écoles-formidable chapitre sur l’éducation- et à son ex de Président- avec l’idée que l’on devrait le diffuser en prime time sur France TV ce week-end d’élections régionales. Les politiques n’y étant pas à la fête- un chapitre est consacré à la défaite de la démocratie-la chose n’est pas gagnée mais l’espoir fait vivre comme tente de nous convaincre les dirigeants des 150 pays présents à la COP21.

Green Friendly

Donc, Le Bourget. Gendarmes sur tous les ponts enjambant l’A1, militaires en treillis assortis aux arbres en plastiques pour apporter un peu de vert dans cet horrible structure du Bourget, la sécurité était bien présente, mais arrivant un peu tard de l’avis de beaucoup de journalistes, avec un sas comme pour prendre l’avion afin de pénétrer dans les deux espaces- à la différence notoire qu’on avait ici le droit de boire devant eux un peu de sa bouteille d’eau au lieu de la jeter et devoir en racheter une autre. Le lobby des aéroports ne s’est donc pas invité au Bourget même si, on avait une fois passé les check points, le sentiment d’être embarqué comme dans un avion vers un autre monde. Recyclage partout, zéro papier aux Espaces Génération Climat sauf sur les stands de la Caisse des Dépôts et Consignations qui, pour dire combien ils sont « green friendly », a édité des énormes brochures en papier cartonné non recyclé. Des cantines bio, avec une serviette par personne, servaient quant à elles crêpes et autres  fish and chips à condition de poireauter une heure, le temps que « ça décongèle » vu que les restaurateurs n’avaient pu accéder sur le site qu’à 10 heures 30, soit l’heure de l’ouverture.

Journalistes « under escort »

Car, ce que vous ne réalisez pas tant que vous n’êtes pas sur place, c’est qu’on n’est plus ici en France! Le site du Bourget est passé, au même titre qu’une ambassade, sous le contrôle exclusif des Nations Unies. Des militaires en bleu qui sillonnent les allées et assurent que les journalistes-tolérés mais pas franchement bienvenus- soient « sous escorte » pour pénétrer dans les salles plénières lesquelles ont quand même pu être nommées La Seine et la Loire…Pour le reste, un media center gigantesque et ultra connecté où Reuters et le « Mediapart à l’américaine », Democracy Now, se côtoient accueillent les 3900 journalistes accrédités, dont JimlePariser qui a du guerroyer, le chien est devenu un vrai lion sur place, avec le Quai d’Orsay et le Secrétariat de la COP21, injoignable depuis des semaines.

Le groupe Carrefour et des indiens à plumes

Mais, revenons aux Espaces Génération Climat où l’on peut suivre des conférences où un représentant du groupe Carrefour explique comment ils sont les premiers à avoir banni depuis quinze ans le soja transgénique ce qui leur coûte 80 euros de plus par tonne; un laïus aussi sur la méthanisation qu’ils développent au Mali pour trouver des sources d’énergie renouvelable tandis que dans d’autres salles, on parlait de la forêt brésilienne « il faut que les Brésiliens appliquent les lois, et que l’on ait les moyens de sanctionner » dans un pays où le poumon vert de la planète, la forêt amazonienne, est désormais protégée avec l’interdiction de déforester plus de 20 % les parcelles privées. Des indiens avec des plumes rappelant que la terre, l’eau, l’air sont à tout le monde et que  » capitalisme= autocentrage »; plus loin,  des jeunes militants écologistes dont certains racontaient comment ils avaient été « coincés » et avaient reçu des grenades en plastique dimanche dernier place de la République. Des militants pacifistes et des journalistes de la presse « de gauche »-sic, le mot est des forces de police- qui participaient à une chaine humaine qui était autorisée par la Préfecture. Un scandale sur lequel nous reviendrons avec l’interview exclusive d’un jeune étudiant de 19 ans placé en garde à vue 24 heures et qui a filmé la police écrasant les bougies en hommage aux victimes des attentats- pas la version vendue par BFM tv qui commence à ressembler à l’ORTF- cela pour faire régner cet état d’urgence qui devient plus que commode pour museler les citoyens tentant d’affirmer, tout comme Pierre Rabhi, que « La croissance n’est pas la solution, mais le problème ».

François Hollande en guest star

Du côté des stands, le WWF faisait pédaler les visiteurs  sur des vélos électriques sous l’oeil de François Hollande, Ségolène Royal et Nicolas Hulot, en VIP de la matinée. Gadgets bio à tous les étages mais également plus sérieusement, du « réemploi » comme sur le stand de Shamango, entièrement réalisé avec des anciennes portes coupe feu, le résultat d’une semaine de montage rendue très difficile avec les services de sécurité onusien: « On a cru qu’on n’aurait même plus le droit de fumer une clope! » commentent des jeunes architectes diplômés de l’Ecole d’architecture de Versailles, au look bien différents des costumes-cravates de la zone bleue.

Un air d’exposition universelle

Du côté « in », les « party »-membres des Etats présents-ont droit à des salles de méditation ou de circuler sur de superbes stands comme celui de l’Inde ou des Pays Arabes- mais zéro alcool au bar; un stand qui faisait passer celui, voisin, de la France pour un local des Restos du coeur… Les Allemands offraient quant à eux du thé et du café tandis que toutes les nationalités se croisaient dans les couloirs donnant l’impression d’une « exposition universelle » autour du climat, avec de nombreux restaurants proposant des spécialités allant de la raclette au couscous sur le site ouvert 24 heures sur 24 avant de rejoindre pour les plus chanceux leurs palaces parisiens comme le représentant de la Palestine, logé au Plaza Athénée tandis que dans son pays, les familles tiennent à dix dans une pièce… La nuit tombée, Jim est lui aussi rentré, épuisé, dans ses quartiers, non sans une heure et demie d’embouteillages pour rejoindre le centre de Paris, ce qui avec un diesel (qui ne roule cependant que les week-end et a offert le covoiturage à une équipe de la TV danoise) n’a pas vraiment contribué à la qualité de l’air. Mais le documentaire Demain a la solution: végétaliser tous les toits de Paris pour absorber toutes les microparticules de CO2. Alors Ségolène et Anne (Hidalgo), c’est quand vous voulez!

Par Laetitia Monsacré

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Un caporal onusien, parlant un français parfait, qui a accepté de prendre la pose

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Le média center, bien mieux qu’au Festival de Cannes…

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Ce mardi là, les banquiers ne sont pas là…

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Mais les traducteurs sont d’astreinte

 

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Tout comme les militaires assortis aux arbres

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Au Espaces génération climat, on s’organise à l’ancienne en l’absence de programmes disponibles sur papier

 

 

 

 

 

 

 

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