10 novembre 2017
La démocratie en coupe réglée !

Les beaux discours, les déclarations enamourées et les odes à la démocratie sont la petite musique préférée de nos dirigeants. Ils jouent des coudes les uns et les autres pour se présenter comme celui ou celle qui sait le mieux défendre la démocratie et ses mécanismes. Ils se prennent tous pour ses défenseurs et nous expliquent sans cesse combien ils sont prêts à nous en offrir plus, à la rendre plus vivante, à nous en rendre plus acteurs encore. La 6ème république avec sa constituante et ses référendums révocatoires, le FN avec ses référendums populaires comme en Suisse, exemple parfait d’un populisme dénué de toute limite et de tout filtre, La République En Marche avec ses petits nouveaux issus d’un processus bien opaque, même Benoît Hamon avec ses inepties liées au tirage au sort se prête à ce jeu insupportable ! Cette guéguerre inepte consiste à déclamer que la vraie démocratie se trouve d’un côté et non pas de l’autre, comme si tous en étaient propriétaires. Or ils semblent oublier que la souveraineté et l’exercice de la démocratie nous appartiennent, à nous citoyens. Soit ils l’oublient, soit ils s’en contrefoutent. Et sans mauvais esprit aucun, le choix de la seconde option semble en ce moment beaucoup plus logique. Oui, ils s’en moquent. Ils ont trop l’habitude de décider entre eux. Ils nous gavent de belles promesses mais les choix internes leur appartiennent. Allez hop, passez votre chemin, la démocratie a ses limites et les militants doivent obéir ! Aux orties les illusions et les candides, la mécanique est implacable, la démocratie interne n’existe pas : revue de détails !     

Castaner Ier
 
Fait du prince et négation de la parole militante, le choix présidentiel doit s’appliquer sans contestation aucune. Christophe Castaner sera bombardé chef de La République En Marche ! Chef du parti présidentiel, quelle promotion pour cet ancien socialiste. Comme quoi retourner sa veste et lâcher sa famille politique peut apporter quelques promotions. Oui quel parcours pour cet obscur député, chef de file d’une gauche en PACA quasi inexistante et qui, sur injonctions, s’était dérobée au choix des électeurs pour le second tour des régionales de 2015. Oui quel parcours pour celui qui sous son étiquette socialiste n’aurait sans doute eu aucune chance d’être réélu député en juin dernier. Mais au lieu de cela, le porte-parole du gouvernement se voit confier une mission hautement symbolique. Parce que ce n’est pas une mince affaire. Diriger un parti jeune, à la culture inexistante, un conglomérat d’anciens et de nouveaux, de jeunes et de vieux, de femmes et d’hommes de droite, de gauche, du centre, de députés godillots inexpérimentés et pourtant assoiffés de pouvoir et d’ambition ! Bon courage pour le futur chef. Bon courage et pourtant on ne peut que sourire. Sourire parce que sa désignation décidée au château, entre les murs du bureau présidentiel porte en elle toutes les contradictions de ce monde faussement nouveau que le pouvoir en place nous survend depuis le mois de mai. Tout d’abord la récompense de la trahison. Beau message en direction de toutes celles et ceux qui veulent s’engager en politique. Trahissez, trahissez il en reste toujours quelque chose et au bout du compte la trahison vous apportera peut-être un poste ou une prébende ! Beau message en direction de la jeunesse, oubliez toutes vos convictions, vous n’avez qu’à suivre le cours du vent et vous serez récompensés ! Les chagrineux objecteront que choisir Macron n’a pas toujours été un pari sur. Certes mais c’était avant tout un moyen de se sauver soi-même sous couvert de promouvoir le renouveau. Vieilles méthodes, vieille vison du monde, rien de neuf en somme. Le chef désigne, décide et les militants avalisent sans discussion, sans débat, sans un exercice simple de la démocratie. Vieilles habitudes, Macron est aussi vieux que ses méthodes sont dépassées. Beau renouveau à l’odeur de naphtaline !

Wauquiez et Le Pen sans opposition

Les autres chefs de partis auront du mal à lui jeter la pierre. Laurent Wauquiez sera élu sans une réelle opposition. L’élection du Président des LR ressemblera à une validation, sans débats, sans confrontations, sans explications claires. Oui, deux candidats lui porteront la contradiction, mais au lieu de le desservir cette contradiction lui offrira une légitimité qu’il n’aurait jamais eu s’il avait été l’unique candidat. Un peu plus à droite encore, Marine Le Pen, elle, sera seule candidate pour le congrès de 2018. Candidate unique pour s’offrir un peu de répit, pour essayer de reprendre la main, pour essayer de se refaire une autorité. Quoi de mieux qu’une réélection avec 100% des voix ? Après l’épisode Philippot, il était nécessaire que la patronne du FN se refasse une virginité. Et tant pis pour les militants qui n’auront droit à aucun débat de ligne ou de perspective. Tant pis pour les militants qui n’auront pour rôle que de prolonger le bail d’une présidente que personne n’aura remis en cause !

Les habitudes ont la vie dure et la démocratie est tellement surfaite ! Comment les croire lorsqu’ils nous rabâchent qu’ils œuvrent pour nous alors qu’ils ne sont pas capables de faire confiance à ceux qui les ont fait rois au sein même de leurs propres partis. Pourquoi ce besoin de diriger et de mettre en coupe réglée les appareils des partis ? Pourquoi toujours ce manque de confiance ? Peut-être ces comportent sont-ils une des raisons de la désaffection des citoyens pour les partis politique et l’engagement qu’ils supposent. Pourquoi militer lorsque l’on sait que sa voix et son opinions ne seront pas entendues par le chef ! L’excès d’autorité et la peur de perdre le pouvoir voilà les plaies des partis politiques. Faire confiance voilà la solution. Mais encore faudrait-il qu’ils nous écoutent et qu’ils ne considèrent plus les partis comme des écuries mais comme des espaces de débats et de réflexions. Vœu pieux, en attendant tous au garde-à-vous !

Par Ghislain Graziani

 

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