20 octobre 2016
La question Macron

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L’UDI le courtise, la gauche centriste et libérale aussi. Mais l’ancien locataire de Bercy a-t-il l’étoffe d’un candidat ? A-t-il l’étoffe d’un président de la République ? Ou est-il un beau météore, une jolie comète ? Quel sera son impact sur la candidature de François Hollande ? Socialiste mais pas de gauche ou de gauche mais pas socialiste, Emmanuel Macron ne se présentera pas aux primaires de la gauche. Il veut être libre. Son espace se situe donc au centre. Un centre- gauche mou et incertain. François Bayrou le sait bien, Emmanuel Macron mord sur son espace. Mais que l’ancien ministre de l’Education et troisième homme de 2007 se rassure, Emmanuel Macron ne représente que lui-même. Sa candidature doit être empêchée, condition obligatoire dans le plan mis en place par François Hollande. Sans Macron, Bayrou fait le plein des anti-sarkozistes et des électeurs échaudés par l’expérience 2007-2012 et par le discours trop droitier de Nicolas Sarkozy. Il fait tellement le plein que Nicolas Sarkozy se trouve coincé entre une droite centriste, libérale, européenne et un Front National souverainiste, protectionniste et intransigeant. Bayrou réduit l’espace de Nicolas Sarkozy à une droite populiste et dure. Il le réduit à l’électorat de feu le RPR, donc à 18 ou 19% des voix. Ce qui peut laisser une fenêtre de tir pour François Hollande. Si Macron est candidat alors les choses se compliquent.

Une bulle ?

Bayrou ne sera pas assez fort pour tirer Sarkozy vers le bas et Hollande ne sera pas assez fort pour passer devant le candidat de la droite, Macron lui ôtant le soutien d’électeurs de gauche modérés. Bref il est une hypothèque sur la réélection de François Hollande. Tous espèrent que cette bulle, sans racines, sans connexions avec les électeurs, sans réelle idéologie, presque éthérée se dégonflera d’elle-même. Si ce n’est pas le cas, aucun doute, une campagne anti-Marcon est déjà planifiée. Mais sera-t-elle nécessaire ? Non, car le chantre de la modernité s’effondrera de lui-même. Son manque de lien avec le réel, sa verve en faveur du progrès, sa méconnaissance de la réalité du pays, des gens de ce pays, son arrivisme, sa défense acharnée de la modernité, son refus de s’inscrire dans une circonscription sous prétexte qu’il promeut une nouvelle façon de faire de la politique lui porteront préjudice. Il a été rapporté souvent qu’il y avait du Rocard chez Macron. Plus que du Rocard, il y a du Giscard en lui, voire du JJSS. A vouloir changer, décrisper, moderniser, réinventer les rapports politiques, être en faveur du dialogue, des réformes, du progrès, Emmanuel Macron fait partie de ces hommes qui ont eu, un temps, le privilège que les français les écoutent et les imaginent destinés à de hautes fonctions.

Le nouveau JJSS

Mais peine perdue, sans parti, sans formation politique, sans soutien local, sans références idéologiques, sans s’être confronté au suffrage universel, on disparaît très vite des écrans radars. Giscard président moderne n’a pas saisi le pays en 1981. JJSS, président de parti et député, lui, ne fut qu’un éphémère ministre et le chantre d’une modernité dont la France n’a pas voulu. L’ENA, la banque, l’Elysée, Bercy, est-ce que ce parcours fait un homme politique ? Interrogations et lignes d’attaques. Finalement Emmanuel Macron n’a rien de dangereux, la voie se dégage un peu plus pour François Hollande.

Par Ghislain Graziani

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