25 mars 2013
Mort d’un bel éditeur

Le salon du livre et Jean Marc Roberts ont en même temps tiré le rideau. On imagine comment à l’heure où les exposants démontaient leur stand, la rumeur s’est répandue. Comment son livre posthume Deux vies valent mieux qu’une publié chez Flammarion va se lire religieusement dans les prochains jours; comment chacun de ses mots va résonner chez le lecteur, avec cet ultime récit d’un homme face au cancer, cet éditeur qui fit des années durant son travail avec une humanité rare. Jean Marc Roberts n’avait pas d’ordinateur; travaillant « à l’ancienne », il ne concevait pas qu’un livre puisse se lire autrement que sur papier et se vendre ailleurs qu’en librairie. Il prenait très facilement ses auteurs au téléphone ou les recevait, toujours disponible pour eux. A ceux qui voulaient le devenir et entrer dans cette superbe collection « bleue » qu’il avait lancée avec succès  et « apportée » chez Stock, il répondait aussi, vite, lisant lui-même dès leur arrivée par la poste les manuscrits. « Au bout de quelques pages, on sait de toutes les façons » comme lorsqu’il avait découvert avant tous les autres Purge de Sofi Oksanen, « le bon livre au bon moment ». Car lui-même n’avait jamais cessé d’être écrivain avec près de 25 romans à son actif, mais n’oubliant pas pour autant de vivre, aimant les femmes auxquelles il avait « offert » cinq enfants. Pour lui rendre hommage, la ministre de la Culture Aurélie Filipetti a elle-même écrit le communiqué; des mots incarnés, pleins de chaleur pour celui qui avait été son éditeur et « était devenu mon ami depuis dix ans ».  Espérons qu’une troisième vie l’attende désormais…

AW

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