20 novembre 2012
Partir…

« Je m’appelle Patrick, j’ai 43 ans, je mesure 1m82 et j’ai une belle bouche ». Croupier à Caen, la « championne des villes tristes », Patrick rêve de partir vers un ailleurs lointain, il ne sait pas où exactement mais il veut partir. Alors il s’achète une valise qui le « réconforte », et qui lui apporte « un air de départ », il va chez le médecin afin de satisfaire au protocole médical nécessaire au voyage. Et puis il s’énamourache d’une maîtresse thaïlandaise, se prend à s’imaginer braquer le casino dans lequel il travaille, écrit une lettre de démission à son patron- il ne lui donnera finalement jamais.

Vers l’inaccessible étoile

« Je ne suis pas heureux mais je vis en paix ». Tranquille il l’est dans son appartement tout blanc, qui est « à l’échelle de [son] existence, ni trop grand, ni trop petit ». Sans amis, à part Pascal le marseillais qui tente tant bien que mal de le faire « vivre », sans attaches, Patrick rêve de nouveaux horizons en espérant l’ailleurs tout proche un jour…« Je partirai pour être cet autre, cet inconnu qui demande à vivre ». Brel a chanté cet impossible rêve dans lequel «personne ne part », Fred Bianconi le joue avec subtilité et sensibilité. Il nous offre une belle interprétation, touchante mais également terriblement drôle, de la procrastination. Adapté par l’acteur lui même du roman de Laurent Graff, Voyage, voyages parvient à nous interroger sur notre propre train train quotidien, à nos rêves et à nos impuissances…Road movie d’appartement à la fois dramatique et émouvant, la chute risque d’en surprendre plus d’un…

Par Laura Baudier

Voyage, voyages – Manufacture des Abbesses- Représentations les jeudis, vendredis et samedis à 21h / les dimanches à 17h

Articles similaires