5 septembre 2016
Sonia Rykiel, une reine s’en va

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Avec sa crinière rousse, on ne voyait pas passer les années sur le visage de Sonia Rykiel. Elle avait pourtant 86 ans, un âge pour tirer sa révérence, la vraie, après son retrait progressif de la maison de couture qui porte son nom. Sa fille, Nathalie, en avait pris la suite avant que les financiers ne se chargent de faire valser les créateurs, vidant quelque peu l’âme de la dame au chandails. Pour libérer la femme tout comme Chanel l’avait fait avant elle, lui proposant jerseys, jogging en velours et autres tailleurs maille pour respecter sa liberté de mouvement depuis cette révolution de mai 68, date où elle avait ouvert sa première boutique boulevard Saint Germain. Tout comme la grande Mademoiselle ou Agnès b, c’est parce qu’elle ne trouvait pas son bonheur pour s’habiller qu’elle a commencé à créer des vêtements. Le succès fut fulgurant et instantanée comme cela est souvent le cas, question d’évidence pour cette femme qui s’amusait de répéter : « Ma seule ambition dans la vie, c’était d’avoir des enfants. Faire dix enfants ! Voilà seulement ce qui m’importait ! ».

La mode, une histoire d’amour

Née dans une famille aimant les arts, très tôt formée au beau et à l’élégance (qui veut dire en latin « qui sait choisir, élire ») comme l’a si bien rappelé, dans son livre manifeste publié chez Autrement en 2013, sa fille Nathalie- lire article- Sonia Rykiel était flamboyante, à l’image de ses cheveux, n’en faisant qu’à sa tête, lorsqu’elle signa des fiches tricot dans le magazine Elle ou lança une collection pour Les 3 Suisses à l’époque où cela ne se faisait pas. Chacune de ces vestes avait ainsi son petit bouton sortant du rang pour fuir le parfait, sans doute avec cette idée que la perfection est ennuyeuse. Ses coupes tombaient pourtant impeccablement, permettant d’être élégante sans être sophistiquée, avec des coutures à l’envers, des doublures inexistantes tout comme les ourlets. La mode mais sans se prendre au sérieux comme en témoignait ses défilés où les filles avaient pour consigne de rire et de sourire; des femmes, des vraies et pas des porte manteaux. « Si vous êtes belle, profitez-en. Si vous n’êtes pas belle, jouez-en ! », la reine Sonia avait tout compris, pratiquant un féminisme doux où les hommes avaient toute leur place car il faut être deux pour que la mode soit  » une histoire à vivre comme un roman d’amour. », loin des amazones de Thierry Mugler ou Montana. Elle va nous manquer.

Par Laetitia Monsacré

 

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