6 novembre 2011
L’Islam des lumières

« Est-ce un conte ou la vérité? Un conte bien sûr, il n’y a pas de vérité sur terre ». Radu Mihaileanu débute ainsi son film; il n’a pas pu venir le présenter au public mercredi 2 novembre, jour de sa sortie car il est resté bloqué dans un ascenseur de la FNAC des Ternes. Peut être une vengeance posthume de Kadhafi, propriétaire de l’immeuble. C’est en effet un film extraodinaire par son angle d’attaque que cette « Source des femmes » rappelant que dans certaines contrées, la vie est encore digne de celle du XVIIIème siècle- sans eau courante et sans lumière. Et surtout sans aucun droit pour les femmes, condamnées à procréer dès leur puberté, mariées de force et battues à l’envi. Mais attention, ce film n’est pas misérabiliste et c’est là toute sa magie. Cette scène du téléphone portable au beau milieu du desert où le réseau saute à cause de l’âne qui refuse de reculer est un pur moment de poésie. La grâce est ainsi partout présente dans ce film,  l’humour aussi avec ces femmes qui sous l’impulsion d’une étrangère car pièce rapportée au village -Leila Bekhti exceptionnelle qui aidée par la chanteuse Byouna,  « Vieux fusil », va changer le cours des choses. Cesser enfin que les femmes soient celles qui aillent chercher tout là haut dans la montagne l’eau pendant que les hommes jouent aux cartes. La tradition? Celle qui perpétue la douleur de perdre deux, trois fois leurs bébés, le sang qui coule entre les jambes après les chutes. « Le vent du sud t’a donné le courage de souffler alors que nous, nous retenons notre souffle ». Il lui en faudra en effet du courage et de l’amour, celui de son mari qui la soutiendra malgré qu’il soit mis à l’index et perde son travail d’instituteur. Et « s’il est facile d’être révolutionnaire, lorsque l’on est riche » , car aimée et aimant son mari, c’est plein d’espoir en la nouvelle génération que le réalisateur roumain filme ce village soumis à l’évolution de la condition féminine. Le thème de l’instruction des petites filles y est avec une incroyable justesse abordée, sans aucun manichéisme. Car,  ici comme ailleurs, rien n’est noir ou blanc, il faut mélanger les couleurs. Le film en est plein avec ces fichus et costumes magnifiques qui révèlent la sensualité de ces femmes en grève de l’amour ou plutôt pour la plupart, du coit imposé. Vous verrez pourtant après l’issue heureuse de leur combat, une des plus belles scène d’amour qui soit, emplie de respect et de désir- magnifique à l’image de ce film rare à ne pas manquer.

LM

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