28 octobre 2011
Pauvre petit garçon

France 2 a battu mardi soir TF1. Pas en diffusant un match de foot ni un film aux chairs dénudées, mais avec un documentaire sur Hitler. Plus de  six millions  de téléspectateurs ont découvert le formidable travail d’Isabelle Clarke et Pascal Costelle pour donner à voir et comprendre comment on en était arrivé là. Dino Buzzati s’était bien essayé déjà à l’exercice dans une nouvelle intitulée « Pauvre petit garçon » dans son livre Le K. Il y décrivait une scène dans un jardin d’enfant où un petit garçon était tyrannisé par ses camarades. Au fil des pages, l’empathie montait. Puis, à la dernière ligne, sa mère emmenant l’enfant, sa voisine de bac à sable la saluait: « A demain, Madame Hitler ». Il n’y avait rien à ajouter. Rien à écrire de plus pour le grand écrivain italien. Mais avec 50 millions de morts, la seconde guerre mondiale n’en finit pas de fasciner. Comment la folie d’un homme a t’ elle pu entrainer son pays entier et permettre la solution finale?  Voilà ce que montrait avec talent ce documentaire diffusé mardi dernier, visible sur le portail Pluzz.fr de France télévision pendant une semaine et disponible en DVD à partir du 2 novembre. L’occasion d’en connaitre un peu plus sur Adolphe, garçon en conflit avec son père qui, trouvant ses professeurs nuls, ne fit pas d’études. Il rêvait d’entrer aux Beaux arts mais incapable de préparer sérieusement le concours, échoue. Wagner le met en transe, il se rêve d’une vie de héros, déteste Vienne et sa mixité-nous sommes en 1909- et fuit l’Autriche pour échapper au service militaire. En somme, un raté qui se serait suicidé-il en parlait souvent- si la première guerre ne lui avait offert toute la rancoeur d’un pays sur un plateau. Car, si les bons manuels l’écrivent tous, c’est en effet dans le Traité de Versailles qui met un terme à la première guerre mondiale que les graines de la seconde guerre mondiales résident. Sun Tzu dans l’art de la guerre le disait bien: « il faut savoir aider son ennemi à se relever ». Dans une Allemagne où la famine sévissait, où nombre d’hommes n’arrivaient pas à se réadapter à la vie civile et où les militaires étaient persuadés que les politiques les avaient privés de la victoire tandis qu’en Italie l’extrême droite montait avec Mussolini, Hitler, indic, roi des délateurs, chargé de rééduquer politiquement les soldats et découvrant ses qualités de tribun, se retrouva sur une autoroute. Que les français lui élargirent  en occupant la Ruhr, traitant cette partie comme une colonie avec un savoir-faire certain; humiliations en tous genres, l’Allemagne est un pays exsangue comme bien des pays du sud aujourd’hui. Car, ce qui fait la qualité de ce genre de documentaire ce sont les résonances qu’il peut avoir dans notre vie aujourd’hui. Le nazisme? il s’est imposé car sinon ça aurait été le communisme. Le juif? Un bouc émissaire comme un autre dans l’histoire d’un monde opportuniste où depuis la nuit des temps ils sont persécutés. Une appendicite mal soignée qui laisse le pays sans chef, une campagne électorale menée en avion sponsorisée par Henri Ford et des industriels allemands -Hitler est le précurseur de la campagne telle qu’on l’a connait aujourd’hui-la crise de 1929 qui crée des millions de chômeurs se tournant vers les extrémismes, rien malgré le suicide de sa nièce dont il abuse psychologiquement et sexuellement, « mon oncle est un monstre », et dont la presse fait un écho assourdissant, ne freinera son accession au pouvoir. Car, si un tiers seulement des allemands votent pour lui en 1932 et qu’en 1933, la presse internationale se félicite de sa fin, la composition de l’Assemblée est telle que, bloquée, c’est Edinbourg- élu- qui le nommera Chancelier, avec les pleins pouvoirs! « L’ivresse sans le vin », le monde entier n’aura plus qu’à manifester, appeler au boycott des produits allemands et à vivre, vingt ans après la grande boucherie, une guerre où l’on inventera la bombe atomique et les chambres à gaz. Alors, en pleine crise économique, avec la montée des nationalismes à travers toute l’Europe et l’Islamisme qui s’impose comme l' »isme » de notre époque, il y a de quoi s’ inquiéter que d’autres petits garçons ne prennent leur revanche…

par Laetitia Monsacré

Apolcalypse Hiltler  à retrouver sur Pluzz.fr et en DvD

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