Défier Athena. C’est le pari que se sont lancées les deux danseuses d’origine grecque, Mairi Pardalaki et Maria Yannaros, de la jeune compagnie parisienne Ahtenysti qu’elles ont créée. Arachnée reprend un thème de la mythologie grecque où une jeune fille relève le défi lancer par la déesse Athéna de la concurrencer dans l’art du tissage. Quoi de mieux que de se muer en araignées pour maîtriser l’art du tissage ? Pendant une petite heure, Maria Yannaros a imaginé une chorégraphie où les deux danseuses arachnéennes vont se mouvoir à l’image d’araignées. Des doigts jusqu’aux pieds, tout le corps est mobilisé pour réaliser une œuvre sacrilège, une toile plus belle encore que celle d’Athéna. Au milieu des dés à coudre et des aiguilles qui raisonnent sur la scène de la Chapelle de l’oratoire, les deux danseuses besognent, s’escriment, voire se blessent pour contester la figure sacrée dans l’art du tissage.
Dans ce rêve prométhéen féminin, les deux actrices s’inspirent des déplacements et du rythme de ces arthropodes, pour créer une danse animale et étrange. Mais autant l’agilité des doigts filant la laine et attrapant les aiguilles imite de manière frappante le rythme saccadé des déplacements d’une araignée, autant les corps peinent à reproduire cette gestuelle. Faute de technique, et avec des gestes souvent trop brouillons, plusieurs scènes deviennent un peu maladroites. Reste cette scène principale de tissage, où les deux danseuses tissent à l’unisson dos au public qui, par sa fluidité et son minimaliste, évoque l’apparente simplicité de Pina Bausch, mais rappelle aussi les gestes artisanaux répétitifs de Millet. Jouée au milieu d’une chapelle, l’œuvre y gagne une ampleur supplémentaire; Avignon est bien un festival à part…