31 mars 2023
Misia Sert, muse et mécène

 

Elles sont trois sur scène, en blanc et noir comme les touches d’un piano, également les couleurs favorites de celle dont le monde entier connaît le nom, Coco Chanel. Misia Sert, grande amie de la célèbre couturière n’est pas passée à la postérité. Elle fut pourtant dans les années folles, surnommée la « Reine de Paris », tantôt muse, tantôt mécène à laquelle redonne vie Julie Depardieu, récitante accompagnée par deux musiciennes, la pianiste Hélène Couvert et la flutiste, Julie Hurel. « Aile que du papier reploie, Bas toute si t’initia, Naguère à l’orage et la joie, De son piano Misia », Mallarmé lui écrivit des vers, Gabriel Fauré lui apprit le piano; ses intimes se nommaient Cocteau, Picasso, Diaghilev auxquels s’ajoutèrent quantité de compositeurs comme Poulenc ou Stravinski. Les premières notes du Libestraum de Liszt s’élèvent puis celles, envoûtantes  de l’Après-midi d’un faune de Debussy. Les sons du piano et de la flûte traversière s’entrelacent, le temps suspend son vol. Puis, Julie Depardieu reprend le fil des souvenirs de cette polonaise, née Maria Godebska en 1872, mariée trois fois- dans le meilleur ordre qui soit- avec un lettré, Thadée Natanson, fondateur de la Revue blanche, un magnat de la presse, forcément richissime, Alfred Edwards, et enfin, un artiste, le peintre catalan José-Maria Sert. Une valse s’échappe toute en légèreté de l’ immense piano demi queue noir, Ravel l’avait écrit pour Misia. Eric Satie lui offrit aussi une de ses compositions. Les deux musiciennes s’accompagnent pour la  Gymnopédie n° 1 que l’ajout de la flûte rend encore plus saisissante de perfection dans ses accords. Une belle évocation d’un siècle disparu dont les artistes demeurent vivants à travers leurs oeuvres, et accessoirement, à l’image de Misia, grâce à ceux qui les aidèrent.

LM

Misia Sert, Reine de paris, récital-lecture en tournée

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