29 décembre 2012
saynètes d’amateurs


« J’aime raconter des histoires mais j’aime aussi les écouter », s’émeut le réalisateur. Nous moins…Cette comédie sentimentale de Laurent Firode, prétend montrer tout ce qu’on peut faire lorsqu’on est aliéné à la passion amoureuse. Autant le dire de suite, on est loin de Tristan et Yseult ni même de Roméo et Juliette, pourtant au cœur de la pièce. La faute au genre d’un film « chorale » ? On n’a qu’à se souvenir de certains Rohmer pour savoir que non.  Pour son troisième film, le réalisateur tombe à pieds joints dans le travers du genre à la croisée des saynètes ; très inégales. Résultat, au final, on ne s’attache quasiment à aucune des quatre histoires d’ « amour ».

Le synopsis est simple : le prototype du prof d’art dramatique, acteur raté, entraîne une troupe d’apprentis comédiens et bras cassés, à jouer le triomphe shakespearien. Et l’amour de la pièce devient prétexte à raconter aux spectateurs leurs amours tous plus grotesques qu’invraisemblables. Un amant voleur qui tente de tuer son amoureux quadragénaire en mal de solitude. Un coup de foudre à sens unique d’un simplet qui s’éprend d’une femme mariée mais délaissée. Un couple sado-maso qui a raté sa vie et ne veut pas que l’autre s’en sorte. Bref que de belles histoires. Sauf que, les acteurs dans leur grande majorité, semblent être autant amateurs que les personnages de la troupe qui s’apprêtent à saccager la mythique pièce de Roméo et Juliette.

Le clou de spectacle

Autant prévenir, la fin est un bouquet caricatural. La fin’amor du roman courtois médiéval se voit revisitée dans un duel burlesque dans un champ entre Rémi, le boulet à envoyer à l’HP et la très naïve femme qui a manqué de le renverser en automobile. A l’issue de ce tournoi, la main de la « belle » doit revenir au gagnant – le mari inattentionné ou Rémi le conquérant. On vous laisse la surprise, si vous n’êtes pas encore refroidi. Autre moment assez intense, un pseudo-coup de foudre entre une mère – qui soit-dit en passant, parle à son mari mort et lui fait encore l’amour- et un camarade de théâtre de son fils ; le tout pendant une séance de repassage, et au ralenti s’il-vous-plait! Et, Laurent Firode d‘ajouter qu’« il n’y a pas de personnages secondaires. Il n’y a que des héros»…Mention bien quand même, à une histoire. Celle de la mère femme de ménage au passif on ne peut plus douloureux et de sa fille rebelle qui, après le string qui dépasse, se convertit à l’Islam pour séduire un éphèbe libanais et faire rager sa mère. On remercie ces deux actrices dont le ton sonne juste, et qui, une fois n’est pas coutume dans le film, arrivent à nous émouvoir. Un armistice aussi, grâce à la BO et à Léo Ferré. Le « on s’aimera » nous ferait presque lacher une larme.

 

Par Elodie Terrassin

 

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