En matière de décoration de Noël, prendre l’Eurostar était jusqu’à présent l’assurance d’avoir ce petit chic en plus sur le sapin, résultat de ce talent des anglosaxons pour- à coup de crakers et autres détails- vous promettre un 24 décembre digne d’une comédie hollywoodienne ou ressemblant à un film de Walt Disney. Et puis, à la faveur de brocantes et salons d’antiquaires, on a redécouvert les boules en verre merçurisé ou soufflé, une tradition datant de 1850 et venue de l’est, redonnant sa noblesse à quantité d’artisans qui avaient été laminés par le made in China. Et si celui-ci se retrouve toutefois sur tous les marchés de Noël, il est rassurant de voir qu’il n’ a pas monté les marches de la maison d’Alsace située sur les Champs Elysées. La pièce est petite, mais alors quels trésors… Ici le métal est découpé à la main pour des coeurs- pièces uniques tout comme ceux en verre soufflé- en provenance d’Allemagne. Tissu, bois, pain d’épices, chocolat, poterie, faience, tous les matériaux sont bons pour que des brodeurs, des orfèvres, et autres artistes mettent un peu d’âme dans ces objets où le sacré semble un peu plus qu’ailleurs s’être glissé. C’est en tous cas du bel ouvrage comme cette broderie en sucre glace sur pain d’épice, un miracle d’artisanat réalisé par Marketa Macudova, une tchèque excellant dans cette technique d’une précision inouïe qui se transmet de mère en fille. De quoi concurrencer les puddings et autres toffees qui débarquent par ailleurs sur la plus belle avenue du monde avec le retour de l’enseigne anglaise Marks and Spencer. La maison de l’Alsace s’est ainsi parée pour lutter de ses plus beaux atours avec une gigantesque étoffe de Mulhouse qui, à la manière du célèbre artiste Christo emballe toute la façade dans une gamme de rouge et vert- forcément. C’est en effet toute une région qui s’exprime ici et témoigne du coeur qu’ils ont à incarner Noël, loin du consumérisme ambiant. Et si la féérie du sapin de la place Kléber à Strasbourg- sélectionné chaque année avec un respect qui combine à la grâce (Il faut voir Antoinette Pfimlin, en charge de le choisir et le décorer, lui rendre visite en forêt des Vosges et le carresser en lui expliquant que tout va bien se passer et qu’il va faire le bonheur des enfants…)ne peut être « exporter » à Paris, c’est en tout cas ici et nulle part ailleurs-même si les prix sont en conséquence du travail et du temps fourni- qu’il vous faudra venir acheter de quoi décorer le vôtre avec cette idée que ces décorations se transmettront de génération en génération. Et que l’homme a fait du chemin depuis que les premières tribus accrochaient, elles, des morceaux de lambeaux d’animaux ou de sacrifiés humains sur les branches pour célébrer cette période de l’année…
LM
A ne pas rater, la Saint Nicolas le 6 décembre avec chorale, vin chaud et mannala frais, gâteau traditionnel alsacien et des ateliers pour fabriquer couronnes de l’avent et gâteaux de Noel.
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