18 novembre 2021
La COP26, COPzéro?

La citadelle du Centre des Congrès abritant les conférences et négociations entre les 196 pays conviés à Glasgow (plus quelques ONG ou « observer » acceptés dans cette zone bleue) s’est transformée, cette fin de soirée, début des prolongations, en une soucoupe volante, prête à s’envoler vers Mars ou dans l’atmosphère, bien loin du réchauffement de la terre ( la compagnie Pelorus annonce d’ailleurs ses premiers vols au départ de la France pour décembre 2021, sept minutes dans les étoiles et des plats « spaciaux » concoctés par Alain Ducasse-tout un programme…) ; à quelques mètres de là, parqués derrières des barrières infranchissables comme tout le reste du lieu où une multitude de gilets jaunes-ici, c’était la police et les vigiles qui les portaient- une centaine de manifestants restaient statiques, avec leurs banderoles et tambours, dénonçant comme ces français associés à l’association créé par Nicolas Hulot, « une COP totalement inclusive », a fortiori depuis que les délégations s’étaient enfermés pour que personne ne puisse rendre compte des négociations ou du grand marchandage entre pays du Nord et pays du Sud. L’ambiance était toutefois bien pacifique, à l’image des Écossais, ayant, bien malgré eux, fait leur du flegme britannique, les masques jouant une fois encore leur rôle de baillons. Ainsi, les banderoles remplaçaient les cris, sauf à l’invitation d’un micro, les invitant à marteler « Turn risk into action »-« Transformer les risques en action »; le tout sous un crachin bien familier auquel s’ajoutait, ce 12 novembre 2021, un vent peu respectueux des brushing et des parapluies. L’occasion de rappeler à qui l’ignorait (comme les privilégiés venus en jet) que Glasgow est un port. « Un temps de chien » aurait-on dit de l’autre côté de la Manche, à condition de pouvoir la traverser avec entre Pass sanitaire, test de moins de 48 heures et le LPS (nouveau visa en vigueur pour tout le Royaume Uni, obligeant tout un chacun, à l’exception de la BBC, des membres d’équipages des compagnie aériennes ou encore les bouchers spécialisés dans le porc-sic) à payer un « 2 day test », 25£ minimum, même en ne restant qu’une journée, laquelle commençait forcement par un passage au centre COVID à quelques mètres, pour un auto-test antigénique dans un petit box avec un bénévole en blouse- de quoi se croire dans un mauvais (?) film de Wes Anderson.

Une COP hors sol

« Climate justice is migrant justice », le slogan vendu sur des bouts de tissus dans la rue accédant au SECC avait de quoi plaire aux futurs électeurs d’extrême droite en France, ceux du « bon côté » de hémisphère qui peuvent encore tranquillement de leur canapé se faire peur en regardant le reportage d’Envoyé spécial, « la France à 50° » tandis que sur la BBC, les reportages s’enchaînent pour montrer comment le Mexique, la Mauritanie ou l’Inde vivent déjà avec ces températures; leur salut? Un peu d’ombre, de blocs de glace ou des ambulances récupérant les sans-logis avec des températures corporelles à 42 ° et lorsqu’il est trop tard, des organes cuits comme le rôti du dimanche. En marge de ce sommet « hors sol », que les habitants de Glasgow ne voyaient que source de détours dantesques ou d’inflation des prix, à l’image de la dépose rapide à l’aéroport (jadis gratuite), passée de 2 à 4 livres, soit 5 euros, pour juste descendre ou monter dans une voiture. Non loin de là, une zone verte tout comme la COP21 au Bourget- tout aussi « gadget » mais sans restauration, juste du Fanta ou Coca en cannettes pas bio du tout-était le lieu propice aux selfies, concerts, installations diverses pour amuser gratuitement la galerie. Chaque planète du système solaire avait droit à une sublime photo révélant qu’Uranus est aussi bleue que Neptune, et toutes ô combien inhospitalières avec des chaleurs oscillant entre -/+100° C). Bref, on était mieux chez nous, sur cette terre, moyenne actuelle de 16°, même si non loin, une mappemonde montrait combien les feux se multipliaient à travers l’hémisphère Sud comme en Afrique, Amérique du Sud ou Australie, premier pays « riche » à avoir gouté au réchauffement climatique avec des milliers d’habitations brûlées et un milliard d’animaux tués dans les terribles incendies de l’été 2021 où les 50° ont souvent été dépassés. « Le ciel devenu noir, l’impression de la fin du monde », India est restée chez elle avec son père pour filmer, malgré l’ordre d’évacuation, le feu attaquant la maison, frôlant l’asphyxie malgré son masque, juste armée d’un jet d’eau tandis qu’elle hurle dans le noir à la recherche de son père. A Glasgow, Anastatia, ma logeuse Airnbnb, décrit avec humour les Ecossais transformés en « Gremlins » l’été dernier avec des températures atteignant les 31° et un monde où le film Madmax deviendra réalité. « Pour les Maldives, ce sera trop tard » assène sa représentante, Amitah Shauna, tandis que CondéNast Traveller y vante l’ouverture de cinq hôtels de luxe à 12 000 euros la chambre pour la semaine, vols-cependant inclus!

Côté « riches », la fête continue

L’éditorial autocentré de la rédactrice en chef de ce magazine de publireportage vante ainsi les spas, caves à vin ou autre centre de sport « responsable » qui recycle dans « cette partie indulgente du monde », un « retour au monde d’avant, pour se reconnecter à soi-même, cette personne qui a su survivre »-no comment. Côté français, le Figaro titre en fanfare « Ce que le COP26 va changer » oubliant que celle-ci est un échec; du « blablabla » résume Greta Thunberg, tandis que le président anglais de cette édition « pour rien »n’a pu retenir ses larmes, annonçant une « diminution », et non une suppression comme prévue par les Accords de Paris en 2015, des émissions de carbone, principales responsables du réchauffement climatique. Tant pis pour les pays du Sud, ou les îles du Pacifique; « business keeps going », Rebecca Lousteau Lalanne, Secrétaire à l’environnement aux Seychelles a beau avoir planté dix arbres tout comme les onze autres membres de la délégation de ce pays devenu indépendant en 1976 pour sa partie anglaise, elle avoue sa faiblesse en attendant son vol pour Heatrow-« un cauchemar d’aéroport »– face aux ô combien puissants lobbies qui ont fagocité les négociations. Il est vrai que les intérêts des 196 pays présents divergent au point que les « mettre tous d’accord relève de la mission impossible »comme l’affirme le correspondant des JT de France 2, un sentiment que confirme John Kerry, représentant de l’Amérique de Joe Biden, dans son satisfecit :« Dans une bonne négociation, aucune partie n’est jamais satisfaite« . Alors, la France, en « mauvais élève » continue, avec son Président Emmanuel Macron de « faire des promesses non tenues » comme « ces investissements pour lutter contre les émissions de carbone annulés à la dernière minute » commente-t’on en coulisse, au sein d’une Europe qui n’offre que « des barbelés » aux premiers réfugiés climatiques- on en annonce 200 millions d’ici 2100-dont les terres sont désormais devenues désertiques, « l’impensé politique majeur du siècle » conclut François Jemmene, spécialiste des flux migratoires. Après la Méditerranée, ce serait au tour de la Manche de charrier des cadavres sur les plages françaises, comme ce migrant retrouvé non loin de Calais?

Loin du battage médiatique, ce que retiendront les Français de cette COP26 sera-t’il à l’image de ce couple à l’arrivée à Orly, les 400 jets privés qui ont atterri à Glasgow? Ou que le bilan carbone de cet « entre-soi » est le même que celui pour l’année des habitants d’une ville comme Paimpol? Si 67 % des Allemands affirment vouloir changer au plus vite leurs énergies, un quart de leur éléctricité vient encore des centrales à charbon, dont est annoncé pour 2038 la fin. Car, face aux électeurs, la « fin du mois » l’emporte encore et toujours sur « la fin du monde ». De quoi contredire le poète allemand Heinrich Heine qui écrivait : « Nos descendants seront plus beaux et plus heureux que nous ».

PAR LAETITIA MONSACRE

Il nous reste 7 ans, 264 jours, 9 heures, etc… avant que le seuil des 1,5 % soit franchi, bref ça va aller très vote pour les pays qui vont être immergés. Surtout qu’en bleu, on apprend que seuls 1é% de l’énergie est aujourd’hui renouvelable.
Malgré cette banderole, pas question de supprimer les usines à charbon même si à New Delhi, avec le fog de l’hiver dû à la pollution, on vient temporairement d’en fermer 6. Quant au gaz ou pétrole, la hausse ne fait, vu la rareté prochaine que de commencer.
Pour les plus jeunes, il est déjà trop tard; « Nous sommes déjà dans le mur » résume tristement le scientifique Aurélien Barreau
Le COVID et ses milliers de vagues à venir à de quoi créer une mer d’ici là, pass sanitaire, rappels de vaccins et tests quotidiens (comme dans ce centre gratuit pour tous ceux qui entrent en zone bleue n’y changeront rien…
La planète bleue est pourtant bien plus accueillante que Mars, avec ses -60°, son absence atmosphère et vraisemblablement d’eau.
Dans la zone verte, la fête continue, à coup de selfies et de concerts

Cela alors que le gâchis alimentaire continue
Le business aussi, avec les magnifiques immeubles victoriens de Buchanan street vérolés par la « World Compagnie » tandis que les « too big to jail » sont bien gardés

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