28 août 2023
Chère, très cher Riviera

A trois heures de Paris grâce à la ligne grande vitesse TGV Paris-Marseille, voilà la Méditerranée qui s’offre aux Parisiens dans toute sa splendeur, surtout en cette fin d’été 2023. Enfin « s’offre », pas tout à fait. Une experience malheureuse avec la Société Générale et LCL- lire article– peut vous transformer en « sans cb » ce qui est bien pire que « sans dent ». Pas de pitié le long de la grande bleue pour qui est sans le sou; de quoi réaliser que ce monde est sans pitié, même sous le soleil, pour qui n’a même pas de quoi se payer un pastis ou la taxe de sejour à 1,65 euros! Dommage car le balcon de l’Hôtel Bellevue, bien nommé avec sa vue imprenable sur le Vieux Port, abrite un charmant restaurant, la Caravelle où le poisson devait être moins éléctronique à l’image de ce carpaccio de thon mal décongelé qu’en laissant en caution son permis de conduire, votre rédactrice préférée a pu manger après une journée de jeun. Heureusement, à la plage des Catalans, certes bondée, le bain était gratuit. Tout comme l’entrée au Mucem, vive la carte de presse, pour une exposition remarquable comme toujours, associant haute couture et habits transnationaux. On y retrouve bien sûr les blouses roumaines ayant inspiré le grand Yves Saint Laurent mais également un ensemble Chanel revisitant l’habit tyrolien avec bonheur- merci encore le grand Karl. Dries Van Noten est bien sûr de l’exposition avec ses matières nobles et son talent unique pour les associer. La carte dorée s’étant remise à marcher, un détour à la boutique du musée, à la sélection très inspirée, puis celle du Pastis- bien sûr Ricard- vous fait prendre le pli et soutenir l’économie locale à coup de rafraichissements.

De Macron à Redford

Non loin de la Timone, seul grand hôpital pour la seconde ville de France depuis que l’hôtel Dieu est devenu un Intercontinental quatre étoiles, les effluves vous donnent envie de fuir vers la côte; baignade à Borme les Mimosas au pied du Fort de Brégançon, les vacances commencent et la cb de chauffer. Parking le long de la plage payant, au moins la voiture est elle bien gardée avec la police dépêchée sur place pour une dernière sortie du Président Macron avant de remonter à Paris. Saint Tropez se laisse désirer, nichée avec son golfe dans une crique accessible par une unique route serpentant le long de la mer et au milieu des pins parasols. Trouvé sur airbnb, les tentes de safari de Bruno sont le meilleur dépaysement que l’hôte de passage puisse s’offrir. Situées à Gassin, dans les hauteurs de St Tropez, n’y manquent que les singes, les lions et Robert Redford pour s’imaginer en Afrique, le bruit des moteurs en sus. Toilette séche, douche extérieure, on est ici en harmonie totale avec la nature, envahi de respect pour la beauté des arbres et de la décoration au cordeau, entre transats sur la terrasse suspendue et tapis à fouler pieds nus pour atteindre un grand lit en bambou.

Bling bling et Champagne!

En ville, l’ambiance est toute autre. Habits de lumière pour les filles, le doré et bronzage sans marque s’imposent pour passer devant les yachts immatriculés dans les îles vierges britanniques ou Malte, des tonnes de plastique astiquées par des équipages au taquet de milliardaires ou people; le terrain de chasse idéal, du VIP Room très bling bling au café Opéra, des jolies filles qui ont déserté les Caves du Roy et ses adolescents pré pubères sirotant des consommations à 26 euros minimum lorsqu’ils ne dansent pas sur une musique très moyenne. Ainsi, Jean Roch ne fait plus les nuits tropéziennes, les plages privées de Pampelonne, à l’image de celle de Bagatelle, séduisent désormais ceux qui s’offrent jéroboam de Rodoerer en dansant sur les tables, avec serviettes rafraichissantes et éventails offerts gracieusement. Tout le reste se paye; matelas, parasols, serviette, le Tiki Beach, non loin, affiche deux plages privées et un camping…cinq étoiles (le seul de France). Voiturettes de golf y côtoient Porsche Cayenne et Maserati, avec un dress code très Brigitte Bardot, à acheter aux Africains sillonnant la plage ou retrouver sur le marché de la Place des Lices le samedi matin, entre robe en broderie anglaise, bracelet en coquillages et l’incontournable tunique en résille dorée! Photographes professionnels, masseur comme le bien connu Jay, afro-américain débarqué de son Mississippi natal il y a plusieurs décennies et jamais reparti. « I ll give you free sample », le pied une fois confié à ses mains expertes, impossible de résister, tout comme à la tarte tropézienne servie au son d’un chanteur de bossa nova- ambiance irrésistible au point d’en perdre sa montre sur le sable et de découvrir, que même les nageurs sauveteurs de Pampelonne sont des collectionneurs de montres de marques!

Aix, la bourgeoise

Les plafonds de paiement et de retrait même d’une cb dorée atteints, direction Aix en Provence pour une ambiance bien plus bourgeoise entre le Relais et Chateau, La Villa Gallici sur les hauteurs d’Aix, un oasis de fraicheur avec sa piscine, sa terrasse ombragée et ses salons XVIIIème ainsi que les salles climatisées du Musée Granet qui accueille une exposition plein de têtes coupées sur des plateaux, rendant hommage à Naples, non loin de superbes toiles de Tal Coat et sculptures de Giacometti. A quelques rues de là, l’Hôtel de Caumont où la chambre de sa jeune habitante, feu Pauline de Caumont, offre un aperçu raffiné du mobilier Louis XV tandis que le jardin accueille un espace de restauration ô combien couru par les Aixois. Géré par le privé, il est regrettable que tout comme pour les rencontres de la photographie à Arles, les étudiants ne bénéficient pas de la gratuité, contrairement à la Fondation Van Gogh ou le musée Réattu à Arles. Il faut donc débourser dix euros pour découvrir l’exposition Max Ernst, figure du dadaïsme et contemporain de Paul Eluard ou Picasso. Né en Allemagne, marié quatre fois, arrêté par les nazis, expatrié aux USA et français de coeur, il fut un artiste total, aussi à l’aise en peinture qu’en sculpture, multipliant les supports comme dans les grattages ou mine de charbon sur parquet, autant d’oeuvres qui inspirèrent notamment Alechinski. De Loplock, son double oiseau imaginaire à sa toile surréaliste Malediction à vous les Mamans, Max Ernst séduit le visiteur au fil de ses oeuvres quasiment toutes issues de collections particulières.

Arles, l’andalouse

Arles est à moins d’une heure de route, si brûlante après la sage aixouse. Le girl power règne ici à l’image de la Brasserie des Arts où Amandine s’affaire en famille; soeur, cousine, fille, toute la « matrie » est de l’aventure pour servir black Agus en entrecôte, frites maison, légumes et pain livrés le matin dans ce restaurant terrasse où l’on sert aussi rapidement qu’à Paris- la chose est rare passée la Loire! De quoi prendre des forces avant d’affronter les 40° plombant les Arènes et la place de l’Hôtel de Ville où l’on peut entamer la visite des expositions photo entre le cloître des Celestins et l’Archevêché; nulle grande signature cette année, on reste sur sa faim au fil des expositions au périmètre réduit et sans réel coup de coeur contrairement aux précédentes éditions où sociologie, humour ou encore témoignage de guerre-quid de l’Ukraine?- laissaient une impression de vertige. Il faudra aller sur les rives du Rhone se perdre dans les allées de la librairie Actes Sud au son d’Haendel par les Arts Florissants ou au musée Reattu, toujours aussi remarquable dans ses accrochages associant photos noir et blanc de Nicolas le Riche et tableaux du XVIII ème siècle puis braver les rayons du soleil jusqu’à la Fondation Luma, découvrir l’exposition Constellation consacrée à la photographe américaine Diane Arbus ou celle rendant hommage à la géniale créativité d’Agnès Varda; l’occasion de s’extasier également sur l’architecture bien reconnaissable de Franck Ghery et les trouvailles réjouissantes comme ces tunnels de glisse pour grands et petits. De la terrasse au 9 eme étage, le panorama s’offre jusqu’à l’Abbaye de Montmajour, à l’entrée des Baux de Provence.

Valse des étoiles (mais pas filantes)

Le restaurant gastronomique l’Ousteau de Baumanière y a récupéré sa troisième étoile, niché dans les blocs de pierres naturels où les cigales chantent sans répit tandis que les heureux du monde se rafraichissent dans le bassin piscine réservé aux hôtes au portefeuille bien garni. Non loin, St Remy de Provence s’alanguit au gré des fontaines et des ruelles remplies de touristes à la recherche d’ombre pour boire un pastis ou un Pac, citronnade made in Provence. Il est maintenant l’heure de rejoindre Marseille pour « monter » à Paris, avec cette fois, une nuit dans le 6ème arrondissement au Mama Shelter, concept génial d’hôtel associant confort et humour dans une décoration ludique et warmly signée Philippe Stark. Chambre immaculée, avec l’air conditionnée, douche anthologique, espace restauration irrésistible, service impeccable, l’emplacement est de premier ordre, face à la terrasse d’un café tabac où le pastaga est bien sûr de rigueur tout comme discuter géopolitique avec un marseillais comme Nourredine, arrivé de Tunis tout petiot et jamais reparti. Non loin, la place de Noaille est l’occasion de vivre un jour de marché des plus exotique entre femmes voilées et bagout marseillais pour des prix imbattables. Difficile de repartir de cette ville dont le pape François, avant sa grande messe au stade Vélodrome le 24 septembre prochain (JimlePariser y sera) fait l’éloge par ces mots « Marseille, ce n’est pas la France », mais déjà de l’autre côté de cette Mare Nostrum, de la plage des Corbières au golfe de Saint Tropez, si ensorcelante…

 

Par Laetitia Monsacré

De Jean Paul Gaultier à Franck Sorbier en passant par YSL au Mucem de Marseille

Sans oublier le magicien John Galliano et les coiffes de Catherinette et feu Karl Lagerfeld pour Chanel

De quoi redécouvrir ce musée ouvert vers la mer, très fashionista en cet été 2023

Aix en Provence, le toujours magnifique musée Granet et ses toiles de Tal Coat et les sculptures de Giacometti

Non loin de là, la fondation Caumont accueille Max Ernst, prolifique artiste suréaliste

 

 

 

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