Bluffante. Amélie Nothomb, avec un respect plus germanique que français de l’horaire, est là à 17 heures pile dans l’espace Forum de la Fnac Montparnasse; plein à craquer de lecteurs qui, avec leur exemplaire de Barbe bleue, sont venus écouter leur « star » tels des groupies ayant pour les habitués la chance d’être reconnus. « Bonsoir Amélie -Bonsoir Florent, Bonsoir Nadia« . On l’a vu au Petit journal, elle est capable de tous les reconnaitre, ces fans qui la suivent livres après livres-on en est au 21 ème…Vingt ans déjà s’étonne-t’elle, « dire que certains de mes lecteurs n’étaient pas nés quand j’ai commencé… ».
Aujourd’hui, ils sont une petite centaine à être venus l’ écouter, elle en collants à rayures, chaussures à grosse semelle et nu-tête, leur raconter son dernier opus qui immanquablement arrive en septembre. Il n’y a rien à boire, beaucoup sont debouts, la voix de l’intervieweur, Edouardo Castillon, trop monocorde-qu’importe, ils sont là, devant « leur » Amélie qui semble pour cette petite heure leur appartenir avant de se plier de bonne grâce à une séance de signature où pour chacun, elle aura un mot, une attention. On ne trompe pas le public; ses lecteurs, elle les aime vraiment, accessible comme rare les écrivains le sont. Barbe bleue-ça tombe bien est dit-elle, son conte préféré. Il y est question de champagne auquel « je me suis mise très sérieusement dans l’espoir de me transformer moi-même en or ». Saturnine, son héroïne? « Enfin une femme face à lui fasse le poids! Elle est belge, oui car les femmes belges ne sont pas des chochottes-Y en a t’il dans la salle? ».
Je vous aime beaucoup
Quant au personnage même de Barbe bleue, elle admet avoir « dû se faire violence car elle a beaucoup de tendresse pour lui, cet assassin extrêmement tendre ». Un serial killer avec « de bonnes valeurs »…De son lecteur, elle aime qu’il » dévore ses livres mais aussi les décortique comme l’on mange une pince de homard ». Les appareils photos crépitent, BFM Tv est en embuscade. « Si seulement les photographes ne prenaient qu’une ou deux photos… »Amélie glisse l’air de rien sur la dictature de l’image-elle qui est désormais mitraillée où qu’elle aille, par cette profession qui ne parle jamais « d’oeuvre mais de travail », s’amuse-t’elle pour souligner leur « fausse humilité »…Vient alors sa définition du roman « ce miroir que l’on promène le long du chemin » puis sa façon d’écrire-jamais de corrections » une fois la phrase écrite je ne reviens pas dessus ». Le temps des questions arrive, d’abord juste des « je vous aime beaucoup ». On la compare à Woddy Allen, on lui demande si elle aime Tim Burton. une lectrice salue le bonheur d’avoir pu grâce aux éditions des Saint Pères, acheter son manuscrit de l’hygiène de l’assassin en fac similé. Un autre complète en disant qu’il l’a commandé sur Amazon (sic pour la Fnac dont c’est le principal concurrent) et que ça marche très bien pour le recevoir…
La tyrannie de devoir sortir un livre par an? Non, Amélie s’en défend. Elle n’écrit pas pour son éditeur Albin Michel. « Tous ses tueurs, est -ce pour l’empêcher elle même de passer à l’acte? « -Oui sans doute répond-t’elle. -Alors continuez d’écrire, lance avec humour un homme. Et cette drôle de couverture du livre? « La photo a été prise au moment où le chapeau qui ne tenait pas est tombé ». Voilà bien Amélie, comparée à Madonna ou Lady Gaga par un de ses admirateurs, s’amusant de ces hasards telle une sorcière ô combien bienaimée…Et qui, avant d’être assaillie par ses lecteurs pour une dédicace, rendit hommage devant toute la salle à son Empreintes qui sera diffusé ce vendredi sur France 5 à 21h40. D’après l’intéressée, « un pur bonheur que tous ceux qui l’aiment ne devraient pas manquer »
LM
Autres rencontres prévues et à venir: la danseuse étoile Marie Agnes Gillot le 12 octobre Bernard Pivot le 26 à Fnac Ternes, Jane Fonda le 25, Frédéric Taddei, les 13 octobre , le photographe Peter Knapp le 16 à Montparnasse, etc…voir Fnac.com
Une salle pleine à craquer…
Et chapeautée comme il se doit pour rencontrer mademoiselle Nothomb.
tandis que dehors, on imaginait que l’on craignait l’émeute…(en fait il y avait non loin de là une manifestation CGT!)