15 janvier 2012
La mélodie du bonheur, suite

Il fut un temps où seuls les initiés se donnaient l’information presque tout bas : Mairie du XXème, le jeudi, venez en avance, il y a du monde…C’était en 1996, un quasi-inconnu, dans la salle des mariages, faisait partager à son auditoire sa passion de la musique entre improvisations et jubilation ô combien délicieuse pour tous ceux qui se souvenaient de la mine contrite de leur professeur de piano… Jean-François Zygel, puisque c’est de lui qu’il s’agit,  ne resta pas longtemps un homme confidentiel; 2007, le voilà sur France 2 et au théâtre du Châtelet, comme ce lundi 16 janvier où il donnera un de ces concerts de l’improbable- un mot qui lui va bien. L’occasion de découvrir avec Schubert ce soir-là, en attendant « Tais toi et Brahms » en mars ou « Bach to the Future « en juin, combien cet homme, aussi à l’aise avec les mots qu’avec les notes aime à partager son talent et son savoir.

Schubert comme un frère

Un ami. Voilà ce qu’il devient une fois sur scène, les yeux pétillants, emmenant une salle entière jusqu’à minuit pour un after, au foyer ou dans les salons, à l’ancienne. Imaginez plutôt, un voyage en « schubertie orientale »,  avec la soprano Sandrine Piau-divine-, de la harpe puis un choeur d’homme ou de l’accordéon, de l’orgue de barbarie…« Il faut en finir avec Schubert et ses symphonies inachevées » explique en scène Zygel, racontant au passage la fécondité du compositeur, « jusqu’à huit mélodies par jour ». Pourquoi autant de coeur d’hommes? Car celui qui composa l’Avé Maria « n’aimait pas l’église et en attendant ses copains, eh bien,  composait sur une table pour qu’ils chantent tous ensemble après! » Avec Zygel,  trublion génial, la musique devient un jeu, drôle et intelligent; l’heure et demie passe comme un songe, avec une mise en scène inspirée et lumineuse de Jean Michel Criqui, assistant de Robert Carsen et des trouvailles ludiques comme faire voter puis chanter la salle entre La Truite et Barry Lindon. Et comme Schubert fut un romantique, par essence malheureux, c’est sur une sonate que Zygel clôt la soirée avec ce frère mélancolique « qui nous fait pleurer et dans le même temps, nous élève jusqu’à nous mêmes. » Rideau!

Séance de rattrapage

Ah les DVD, que ferions nous s’ils n’existaient pas … Naive a eu la bonne idée d’éditer  ces leçons de musique « Zygeliennes » autour d’un compositeur ou de « partition »comme  la symphonie n° 40 de Mozart. L’occasion de passer avec cette dernière presque deux heures en sa compagnie ainsi que celle du génial chef d’orchestre Ton Koopman et découvrir à l’aide de ses « TagadaTagada » comment le mode mineur s’est imposé ou  avec les bonus, la façon d’ improviser Mozart façon Debussy ou  jazzy.

Enfin,  comme Zygel est homme fidèle, c’est tous les mois  que vous pouvez toujours le voir à la Mairie de XXème , 10 euros l’entrée, avec des jeudis autour d’un pays, l’Amérique en février, l’Italie en mars et l’Arménie en Avril.

 

 

Par Laetitia Monsacré

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