28 mai 2012
Palme Grise

Vous l’avez lu, le 21 décembre 2012 serait la fin du monde, enfin en tous cas de celui-ci. Il est vrai que venir passer quelques jours à Cannes, voir les films qui, avec un talent inégal-la vingtaine du « on » sont pourtant sortis d’une rigoureuse sélection-montrent la noirceur de notre monde entre Paradis, amour de Ulrich Seidl, entendre pour ceux qui restent en prise avec l’extérieur que la Syrie continue de voir mourir ses propres enfants tout en côtoyant l’obscénité qui règne ici, est assez édifiant. La concentration de riches-magistralement décrits dans leurs zones d’ombre par Im Sang-Soo dans l’Ivresse de l’argent qui repart pourtant bredouille- y dépassent l’entendement avec, à la différence notable qu’ici, ils ne se cachent pas. Les yachts narguent au large, les boutiques de luxe affichent leur prix sans ciller et les anecdotes courent sur tous les marchés de cette gabegie comme au diner de l’Amfar, association caritative où homards avec caviar et langoustes ont fini à la poubelle, ces demoiselles mangeant peu comme chacun sait. Pour accompagner les richissimes hommes au physique pourtant peu assorti aux lieux qu’ils fréquentent, occuper bruyamment les tables de l’Eden Roc ou du Carlton, la plupart d’entre elles en effet s’affament, question de survie. L’offre est en effet  ici copieuse et une carte Gold illimitée peut vite changer de main manucurée.

Claude Miller, le grand absent

Une chose est sûre en tous cas, l’envie à Cannes fonctionne comme un carburant avec du bling bling vivace comme au premier jour. Et le palmarès est bien le seul à y échapper, tout à son honneur de récompenser deux actrices roumaines à peine coiffées pour récupérer leurs prix d’interprétation pour un film Au delà des collines qui en a fait sortir de la salle avant la fin plus d’un. Pareil pour Reality qui semble avoir bénéficié de la présence de Nanni Morreti en président du jury et qui de l’avis général, était très en deça de Gomorra (visible sur Arte replay), film précédent de son réalisateur Matteo Garrone. La chasse, film coup de poing du réalisateur Thomas Vinterberg, à qui l’on devait le fantastique Festen sur la vox populi et ses ravages-genre affaire d’Outreau-repart avec un prix d’interprétation très mérité pour son acteur Mads Mikkelsen. Quant à la Palme, voilà Michael Haneke une fois encore récompensé pour son film Amour,  sur la déchéance physique, la mort s’approchant et Jean-Louis Trintignant impérial tout comme Emmanuelle Riva absolument extraordinaire en femme qui perd peu à peu tous ses moyens. Autant dire du cinéma réaliste, avec pour la cérémonie de clôture une belle emotion avec la projection de Thérèse Desqueyroux et une Audrey Tautou aussi juste dans le film que son discours sur scène.

 

Par Laetitia Monsacré

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