23 avril 2015
Mozart chez les fossoyeurs

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Créée à Baden Baden et donnée l’an dernier à Bastille avec Sabine Devielhe en Reine de la nuit, La Flûte enchantée version Robert Carsen revient à Paris pour le printemps. Du gazon  au sol, du noir sur le côté, une forêt en images vidéo façon Bill Viola au fond, le metteur en scène canadien a choisit, là où la Fura dels Baus s’éclatait sur cette même scène en 2008,  de donner dans l’austère. Fées en tailleur strict, collant et escarpins noirs, idem pour leur maîtresse, la Reine de la nuit, Papageno en marginal qui transporte des oiseaux invisibles dans une glacière, hormis le bruit d’un télécommande qui lui décadenasse la bouche comme on ouvrirait une voiture, cet opéra comique écrit par Mozart l’année de sa mort-imaginé pour le public et non plus pour le roi- brille ici par son sérieux pour ne pas dire son ennui. Alors bien sûr, il reste la partition absolument irrésistible, quelques belles idées comme les fossoyeurs qui, sous le charme du xylophone magique se tordent d’extase devant leur pelle, et dans cette distribution, un casting vocal-la chose est capitale n’est-il pas vrai- sans faute.

 Superbe plateau vocal

Le baryton franco-irlandais Edwin Crossley-Mercer offre ainsi une décontraction et un humour des plus inspirés à son personnage de Papageno, sa voix faisant merveille tout comme celle de Jacquelyn Wagner en Pamina. La soprano, récemment entendue à Strasbourg dans La Clemenza di Tito a la voix claire et souple, aussi à l’aise dans les graves que les aigus tandis que Jane Archibald donne à entendre une très honorable Reine de la nuit, un peu « cougar » dans l’esprit de Carsen.

Pour les premiers rangs de Bastille, l’impression de la soirée relève ainsi du concert privé tant la proximité avec l’orchestre dont la fosse a été déplacée laisse les chanteurs aux plus près du parterre lorsqu’ils ne s’y baladent carrément pas. Pour les autres, notamment au fond des balcons, pas sûr qu’ils ne trouvent leur compte dans cette mise en scène assez statique et austère. Pour un opéra populaire, voilà qui n’est pas très démocratique…

LM

La Flûte enchantée jusqu’au 14 mai 2015-Opéra Bastille

 

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