3 mars 2013
Londres/ Manet, Roy et Koshlyakov…

Ah, traverser la Manche pour aller voir un peintre français, c’est tellement chic!… Manet est à la Royal Academy, à quelques mètres de Picadilly Circus pour une exposition rassemblant une cinquantaine de tableaux autour du thème du portrait. Avec des dizaines d’oeuvres venant du monde entier-Etats-Unis, Portugal, Brésil, Japon, c’est l’occasion de voir un grand nombre d' »inédits » rassemblés dans les grandes galeries en enfilade de ce musée où de confortables banquettes Chesterfield attendent votre séant fatigué. Reste que pour les visiteurs habitués aux scénographies inventives de Robert Carsen,  l’académisme qui règne ici pourra paraître un peu ennuyeux… A part une idée reprise au sus-nommé dans son exposition au Grand Palais Bohème, des tables et des chaises façon estaminet pour consulter le catalogue, seule la vue des toiles à la queue leuleu vous est offerte pour 15£ et une solide file d’attente si vous n’avez pas réservé. Un conseil, venez vers 16 heures, vous aurez bien le temps de voir les toiles pour autant magnifiques-mention spéciale à un portrait magnifique de Berthe Morisot de profil peu connu venu de Cleveland, ou celui d’Henri Rochefort, journaliste politique. Son beau-fils à vélocipède est également une petite merveille tout comme les portraits de famille avec ce visage d’enfant venu du musée Gulbenkian de Lisbonne ou cet intérieur arcachonnais désormais visible dans le Massachusetts tout comme Georges Clemenceau parti lui dans le Texas…. Un des deux seuls autoportraits de Manet est également présenté, exilé pour l’occasion de Tokyo… Quant au Déjeuner sur l’herbe, le Musée d’Orsay n’a pas voulu prêter la version finale semble t-il… Prenez donc le métro en place et lieu de l’Eurostar, entrée 9 euros!

Her Majesty vous reçoit

Ambiance tout aussi traditionnelle, mais avec le sentiment unique de pouvoir entrer dans Buckingham Palace, ( pas par la grande porte quand même) , The Queen ‘s gallery offre la possibilité de découvrir quelques chefs-d’ œuvre appartenant à la famille royale avec une exposition jusqu’en avril prochain sur La Renaissance dans les pays nordiques de Dürer à Holbein; de magnifiques gravures comme celles représentant l’Apocalypse, signées AD datant des XV ème et XVI ème siècle, des portraits de famille comme celui du prince Edouard ( pas l’actuel mais son ancêtre enfant) datant de  1538 par Holbein ou encore cette toile représentant Lucrèce Borgia le sein nu, shocking! de Cranach le Vieux. Francis I qui n’ est autre que notre François 1 er a également tout comme Eleanor reine d’Aquitaine les honneurs de ces galleries gardées par des homme et femmes en uniformes verts gansés d’or, très chic serviteurs de la Reine. Le massacre des innocents par Bruegel le Vieux achève au milieu des retables religieux cette courte mais unique collection « privée et royale ». Bien différent cadre pour  la rétrospective Roy Litchenstein, sise à la Tate Modern, ancienne usine située au sud de Londres à laquelle on accède à pied par le Millénium bridge…

 

Pop art et peau à pois rouges

C’est dans ce magnifique espace dédié à l’art contemporain que  des oeuvres issues de collections de particuliers avec donc zéro chance de les revoir ailleurs… Peu d’explications mais un merchandising d’ enfer-crayons, catalogues, couvertures d’ IPad etc… sur cet artiste qui s’ amusa dans la droite lignée du Pop art et d’Andy Warhol à élever au statut d’oeuvre d’ art, la représentation d’ un cachet d’Alka selzer ou une balle de golf; autant de natures mortes à découvrir en noir et blanc dans une salle entière puis à retrouver en couleur, l’artiste  s’inspirant directement du cubisme . Litchenstein s’ amusa en effet beaucoup à reproduire des toiles de Picasso ou Matisse, Nature morte aux poissons, Femme d’Alger ou encore Monet comme ce tryptique autour de la Cathédrale de Rouen et plus récemment, Mondrian. L’intérieur de son studio l’inspira également comme les peintres les plus classiques tout comme les nus féminins non pas sur  » modèle » mais en imaginant dénudés les personnages de ses comics préférés. Les salles de la Tate Modern,  gigantesques,  permettent alors suffisamment de recul pour découvrir comment ses pois rouges créant une carnation parfaite en créant du relief et de la vie… Ses paysages chinois, Hokusai revisité façon pointillés, sont une pure merveille tout comme ses sculptures en laiton-assez inédites et sa  série Perfect/non perfect, des  tableaux  aux formes géométriques parfaites dont certaines, « imparfaites » débordent du cadre sous la forme d’une excroissance rajoutée au cadre-jubilatoire!

Performing etc…

Un étage au dessus, A Bigger splash propose une promenade dans l’art « comme une performance » avec Hockney et son plongeon dans une piscine californienne qui donne à l’exposition son titre. Pollock, puis Yves Klein recouvrant de peinture des femmes nues qui se frottent ensuite à une toile, Niki de Saint Phalle tirant à la carabine sur des poches de peintures pour réaliser une toile, des vidéos, des intallations comme cette chambre s’inspirant de Cocteau, l’avant-garde est ici représentée avec plus ou moins d’évidence…. Voilià en tout cas une visite qui s’impose avec, du restaurant situé au 6 ème étage, une superbe vue sur Londres tandis que la librairie du rez-de-chaussé offre une belle collection de guides originaux sur la ville. Et que l’ensemble de la collection permanente- époustouflante- est à découvrir sur trois étages, au milieu des « scolaires » en uniformes,  le tout gratuitement…Voilà qui est de même à la Saatchi Gallery (en association entre autres avec Chanel) qui a investi en 2007 en plein Chelsea, un bâtiment posé sur un green anglais de premier ordre, face à la célèbre épicerie Pardsley-le Fauchon du coin- pour présenter des artistes contemporains avec jusqu’en mai 2013, la Russie à l’honneur.

Chelsea à l’heure russe

Ses quatorze galeries accueillent ainsi Lenine, la bite de caviar Kaspia façon Campbell Soup de Warhol, Breaking the glass, une installation pour le moins originale d’un tableau lacéré par l’artiste Ilya Kabakov le soir même du vernissage car mécontent de son travail (une installation en fait), des aquarelles représentant des coeurs avec l’aorte très loin de Jeff Koons…, des photos grand format de criminels russes tatoués sur tout le corps, ou d’autres prêt à sauter d’une fenêtre dans le vide et enfin, une salle gigantesque avec une mezzanine pour admirer sans doute la pièce la plus remarquable: un grand panneau composé de plein de cartons d’emballages déchirés sur lesquels l’artiste Valery Koshlyakov a peint L’Opéra de Paris. Une vraie merveille qui, à elle seule vaut le voyage… Retenez son nom, vous en entendrez reparler.

 

Réalisé par Laetitia Monsacré et la rédaction

Pour Valentino à la Somerset House, c’est fini ce week-end avec une exposition pas vraiment remarquable sur un bon couturier qui habilla les femmes avec talent mais en aucun cas ne fut une artiste; cela se voit dans ce musée cruellement…

La Queen ‘s Gallery, un petit air de Buckingham Palace

 

Et sa galerie de portraits, ici Henri VII par John Van Cleve

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