4 mars 2014
Farewell Isabelle

Isabelle-Ciaravola_adieux_1

Tatiana pour finir…Le rideau rouge de l’Opéra Garnier s’est fermé une dernière fois ce vendredi 28 février, après une pluie d’étoiles dorées, sur Isabelle Ciaravola, dans Oneguine de John Cranko. Les bouquets de fleurs lancés sur la scène, le public debout applaudissant à tout rompre et à n’en plus finir, il s’agissait avant tout de gratitude pour remercier celle qui a passé 24 années de sa vie au service de cette maison d’excellence, dansant une dernière fois avec une sensibilité, une grâce et une générosité sans faille cette héroïne de Pouchkine, amoureuse passionnée qui se vengera de cet homme, Oneguine, qui n’a pas su l’aimer. De la loge gauche au dessus de la scène, toute sa famille corse était venue partager ce moment d’ultime reconnaissance à « leur » étoile, laquelle resta stoïque telle une veuve sicilienne-pas une larme- mais au contraire véritable madone, appelant à la présence des danseurs pour saluer,  « radieuse et épanouie, moi qui pensait pleurer comme une madeleine » s’étonna-t’elle même,  lorsqu’elle est apparue pour se faire épingler sa légion d’honneur « ça pique » dans le Grand Foyer, vêtue d’une robe qu’aurait pu dessiner Schiaparelli-à la fois chic et exubérante,  dévoilant son dos impérial.

« Bonaparte n’est pas venu à Paris pour être caporal »...Et Isabelle, pas pour rester quadrille ou coryphée. Il y en avait pourtant plusieurs dans l’assistance, reconnaissables à leur allure élancée et leur jeunesse, rêvant sans doute d’être un jour eux-aussi étoile à l’image d’Hervé Moreau, Karl Paquette et Mathieu Guaino, les trois partenaires de scène qui eurent le plus de pas de deux et de »portés » avec cette trop jeune retraitée. Car la loi à l’Opéra de Paris est implacable: 42 ans et il faut laisser sa place comme bientôt Nicolas Le Riche en juillet ou Aurélie Dupond, en slim et stilettos ce soir-là, en novembre. Brigitte Lefevre rappela dans un joli discours (mais un peu long pour les ventres vides) comment Isabelle, jouant Blanche Neige à l’âge de six ans à Ajaccio  menait déjà la danse. Elle évoqua aussi le soutien sans faille que cette étoile fut à ses côtés dans l’exercice de dur métier de directrice de la danse à Garnier, ne regrettant pas de le quitter dans quelques mois. « Ne plus être la cible » lachat’elle en privé. L’Opéra n’est pas une maison facile comme le découvrira son jeune successeur Benjamin Millepied; elle vient en tous les cas de perdre un de ses plus beaux éléments, humainement aussi spectaculaire qu’ artistiquement parlant. La chose est rarissime…Et profitera désormais à ses élèves.

LM

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