9 février 2013
Bruel revient

Patrick Bruel n’était pas vendredi soir aux Victoires de la Musique. Son dernier album après six ans d’absence, Lequel de nous,  désormais triple disque de platine, est sorti trop tard pour faire partie de la sélection. Sans doute a-t’il fait exprès afin de ne pas avoir à repartir bredouille de cette cérémonie où ses pairs ne l’ont pas récompensé depuis 1992, soit plus de vingt-ans, malgré six albums sortis et ce public qui le suit sans défaut depuis Alors Regarde.

Alors comment est-il cet album enregistré en partie aux mythiques studios londoniens AIR qui arrive enfin, après une longue infidélité à la musique comme acteur sur grand écran ou au théâtre? A la première chanson, on est inquiet: Place des grands hommes revient en mémoire avec son décompte 4,3,2,1, zéro, les prénoms lancés joyeusement. On retrouve aussi les envolées lyriques-trop?- dans la seconde chanson, Où es-tu? sur une grand reporter femme qui pourrait être Martine Laroche-Joubert. L’actualité encore avec Les larmes de leurs pères sur les révolutions arabes,« bats-toi pour être toi, je me suis battu pour cela » avec un passage en arabe à l’émotion certaine.  Dans les Cigales s’en foutent– la mélodie séduit, la voix chaude s’impose et la nostalgie « le passé danserait nonchalamment » que le chanteur cultive depuis si longtemps devient charmeuse, entêtante et irrésistible. « Du temps des cerises où tu n’aimais que moi et qui s’enfuit déjà », voilà sans doute un bel hommage à la mère de ses enfants, les souvenirs de Provence et ce qui reste après que l’on s’est aimés, « tu pourras dire tout ce que tu veux sur ce qui nous éloigne, tu sais très bien qu’à ce jeu là personne jamais ne gagne » dans la chanson Lequel de nous. Du rythme de She’s gone à la quasi berceuse, le début de Tout change si vite, ou Je serai là pour la suite, en passant par la mélodie de Rome, le thème du temps qui passe et des amours perdues colore tout cet album très autobiographique mais, et c’est là le talent de Bruel, qui touche pleinement chacun qui l’écoute, comme avec ce très bel hommage dans A mon ami Alfred T, « pendant que mon coeur bat, t’en donner la moitié ». Voilà qui est le propre des artistes qui réussissent, ce qui ne manque jamais de faire des jaloux.

AW

Dates concerts sur site de Patrick Bruel avec la première date le 16 mai à Evry et du 29 au 31 mai au Zenith de Paris

ps: Mention spéciale à Diane Sagnier qui en signe les très belles photos

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