26 février 2012
Au fond du jardin

Avec son oscar mérité pour son rôle de nounou noire, Octavia Spenccer risque de relancer la carrière de ce beau film qui sort cette semaine en DVD. Années 60, pour une domestique noire -qu’on appelait  encore sans vergogne « négre »- la vie était bien difficile dans les Etats du Sud en Amérique. « The Help », titre en anglais traduit par « La couleur des sentiments » , raconte l’histoire de ces bonnes, corvéables à merci, vivant dans des bidonvilles et élevant les enfants blancs de riches blanches désœuvrées et pas toujours très évoluées. Le résultat d’une éducation où depuis toutes petites, on leur avait présenté les noirs comme des êtres inférieurs, esclaves et sales, ne méritant même pas d’utiliser leurs toilettes. Embrasser leurs enfants, être leur mère de substitution, d’accord, mais pour satisfaire leurs besoins naturels, c’était au fond du jardin. C’est cette situation que les américains qualifieraient d' »insane » qui a inspiré  l’écrivain Kathryn Stockett dont le livre après une  soixantaine de refus
d’ éditeurs est devenu un best seller. Et aujourd’hui un film qui réunit de formidables actrices comme Viola Davis- nounou victime qui cessera de l’être grâce à Emma Stone,formidable en jeune blanche bien décidée à changer les choses au risque de se mettre au ban de toute sa communauté. Car ce que montre avec justesse ce film, c’est que les passerelles entre les deux mondes étaient inexistantes. Et que quiconque voulait en construire-noir ou blanc- était immédiatement rejeté à l’instar de cette ravissante gourde au grand coeur jouée par Jessica Chastaing (décidemment multicartes). La différence, voilà bien ce que toutes ces femmes murées dans leurs croyances ne pouvaient accepter et ce qui rend ce film si moderne même si, en cinquante ans, les choses ont heureusement évolué. Reste cependant cette ségrégation sociale encore si présente en France, qui fera songer à plus d’un que le combat n’est pas terminé.
LM

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