4 décembre 2011
The Madrider – 22, v’la Rajoy!

 

« 22, v’la les flics ». En pastichant cette expression argotique, on pourrait s’exclamer la même chose pour Rajoy, le nouveau Président du gouvernement espagnol !  Son arrivée est à craindre, en effet ! Le leader de la droite accédera  au pouvoir le 21 décembre prochain. Et, crise oblige, il va devoir administrer à son pays une purge sans précédent. Imposer des coupes sombres douloureuses,  brutaliser le déficit. Ça,  tout le monde le sait. Mais ce que personne ne subodore, c’est la nature des réformes qui vont être entreprises, quels sont les budgets qui vont être affectés et où les économies vont être réalisées… Car, pour l’heure, le chef de l’exécutif élu est resté silencieux comme une tombe !

Rajoy, le muet

Depuis l’écrasante victoire de son Parti Populaire le 20 novembre sur les socialistes, Rajoy en bon galicien prudent s’est enfermé dans son bureau. Deux semaines sans piper mot. Sans dévoiler qui  dirigera son équipe économique. Rien ! Pas le moindre commentaire sur son programme. Silence radio et bouche cousue !

Il aura fallu attendre samedi – ouf ! – pour que Rajoy ouvre enfin… timidement  la bouche. Cinq minutes, montre en main ! Cinq minutes, non pas pour annoncer l’esquisse d’un quelconque programme, ni pour ragaillardir les Espagnols. Pas du tout ! Cinq minutes pour simplement expliquer que… son cabinet ne pourra pas tout faire tout seul. Et que le bon peuple, qui l’a porté au pouvoir, devra verser son écot !

« La tâche d’aller de l’avant n’incombe pas au seul gouvernement, a dit Rajoy, mais à la Nation toute entière » ! Olé ! Les Espagnols avaient été prévenus d’un tour de vis. Les voila confirmés dans cette menace. Le plus étonnant, c’est que Don Mariano, comme le qualifient affectueusement ses amis, ne donne pas du tout l’impression de savoir ce qu’il va faire. Pire, il donne même le sentiment d’aller au pouvoir à contre-cœur. Voire, à reculons !

« Ce qui attend l’Espagne est très difficile », a-t-il rappelé d’un ton plat et falot, en réaffirmant sa « confiance » dans le pays pour aller « aller de l’avant ».  Difficile de faire plus inconsistant ! Les Espagnols, ses électeurs en tout cas, méritaient sans doute mieux ! « Nous allons devoir gouverner, prendre des décisions », a encore zézayé Mariano Rajoy. Autrement dit, quand faut y aller, faut y aller ! Quelles réformes, quand, pour quoi faire ? Mystère…

 

Vers une privatisation de la santé ?

Une partie du voile, cependant, a été levée. Non pas par Rajoy le muet, mais par sa plus fidèle collaboratrice, Maria Dolorès de Cospedal, la secrétaire générale du Parti Populaire, présidente de la Communauté de Castille-la Manche. À peine arrivée au pouvoir dans sa région, elle n’a pas donné dans la dentelle : diminution de 3 % des salaires des 70 000 fonctionnaires locaux, dont 50 000 travaillent dans les secteurs de l’éducation et de la santé et privatisation progressive des hôpitaux… Tolède, la capitale de la région qu’elle gouverne, est proche de Madrid. Très proche ! S’agit-il alors d’un ballon d’essai pour étendre ces mesures à l’ensemble du pays. Pas impossible et à suivre…

Par Pierre Cayrol

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