« Heure esquise qui nous grise, aime-moi ». Si Catherine Frot chante cette mélodie archi-connue en s’enfonçant irrémédiablement dans « Oh les beaux jours », actuellement au théâtre de la Madeleine, Danilo est lui dans une bien meilleure posture lorsqu’il l’entonne au Palais Garnier. La Veuve Joyeuse est en effet donnée sous le beau plafond de Chagall, cela pour une soirée qui a de quoi vous mettre le coeur en fête. Mais au fait, cette opérette, de qui est ce ? Si elles sont avec « La chauve souris » de Strauss les opérettes les plus jouées, rare sont ceux -et j’en fait partie- qui peuvent citer son compositeur, Franz Lehar, lequel devint fort riche grâce à cette partition.L’histoire est délicieuse et a été adapté au cinéma également par Lubitsh avec Maurice Chevalier et Jeanette Mc Donald : une veuve riche à millions retrouve son ancien amant, forcément le seul à ne pas être achetable. Rajoutez un mari cocu qui s’en accommode, du french cancan et des réceptions tout au long du livret, qui ajoute à la joyeuseté-d’être court. Chanté en allemand, on se croirait presque bilingue tant les « ich liebe dich » ou autre phrases au vocabulaire de base s’enchaînent, de temps en temps émaillées de français. Jorge Lavalli, qui a dirigé autrefois le Théâtre de la Colline, signe une mise en scène épurée voire simpliste pour des décors où l’on sent que l’on a avant tout cherché l’économie. Reste que cela n’enlève rien au plaisir d’entendre une distribution épatante comme le baryton Bo Skovhus dans le rôle de Danilo ou dans celui de cette veuve revigorante, la mezzo soprano Susan Graham, cela même si leurs voix sont un peu trop couvertes par l’orchestre. Quant au final, entre Moulin Rouge et Cirque d’hiver, c’est d’un joyeux à vous faire oublier n’importe quel dure journée où contrairement à ces privilégiés qui s’amusent sur scène, il vous a fallu travailler.
LM
A l’Opéra Garnier jusqu’au 02 avril 2012