20 janvier 2023
La déco ne connait pas la crise

 

Tous les six mois, le promeneur dans Saint Germain des près se voit auréolé de gigantesques abat-jours et doit se frayer son chemin au milieu des milliers d’acheteurs, décorateurs ou clients qui recherchent pour leur « home » ou les hôtels étoilés, le must en matière de tissus, papiers peints, tapis et panneaux décoratifs. Au total près de deux cents créateurs éditeurs venus de tous les pays occidentaux pour proposer leurs dernières collections. Ainsi, les galeries entre le boulevard Saint Germain et la Seine se louent à des prix d’or pour des installations éphémères où la richesse des materiaux donne le ton: le beau est résolument une affaire de riches. Nouvel arrivé dans la liste, avec une boutique pérenne, la marque Schumacher qui, comme son nom ne l’indique pas, est américaine. Affichant avec fierté since 1889, elle a vu le jour en Alsace et a très vite traversé l’Atlantique pour décorer les murs de « mansions »- villas d’été-situées le long de l’Hudson appartenant aux Vanderbilt et autres grandes fortunes américaines. Jacky Kennedy a pioché dans leur catalogue pour redécorer avec « la French touch » la célèbre Blue Room de la Maison Blanche tandis que le Waldorf Astoria ou le Ritz se laissaient tout autant séduire par les somptueux tissus muraux ou les papier peints. L’un d’eux recouvre même la maison de Scarlett O’hara dans Autant en emporte le vent. En France, c’est le tissu La Gazelle qui devient un incontounable, du pur Art déco créé en 1927.

Du yacht au penthouse

Le studio des créateurs travaille aujourd’hui beaucoup sur les tissus outdoor, histoire que les coussins bleus de votre yacht ne soient pas délavés par les embruns et le soleil. Mais, la merveille de la boutique se cache entre les tissus avec l’application plume par plume pour créer des panneaux forcément faits main pour des budgets de 5000 à 20 000 euros. Voilà qui s’associera avec bonheur aux tapis et moquettes (200 à 400 € le m2), véritables oeuvres d’art vendues chez Bougainville qui a ouvert, en un temps record,  une boutique rue Bonaparte, où le marbre côtoie la laine et la soie de ces revêtements de sol « haute couture » au dessus desquels on ne servira que du champagne qui, comme chacun sait, ne tache pas. Autre nouveau venu, le designer anglais Alexander Lamont revisite avec modernité la marqueterie de paille et imagine des meubles où le galuchat se mêle au chêne ou au bronze pour créer des merveilles comme cette table basse flirtant les 30 000 € pour les « Heureux du monde » comme les nommait Edith Wharton qui ne connaissent ni la crise, ni l’inflation.

AW

Paris déco off du 18 au 22 janvier 2023

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