18 janvier 2023
Réécrire l’histoire/ Brigitte Giraud

Un accident, nous le savons tous est un concours de circonstances, fait de détails, de hasard-ou non, et que l’on ne cesse de se remémorer, a fortiori,  lorsque son issue est fatale. Brigitte Giraud, prix Goncourt 2022 a choisi pour revenir vingt ans après sur la mort de son compagnon dans un accident de moto, la litanie des « Et si? ». Elle s’est replongée dans ses souvenirs du 22 juin 1999 pour composer un puzzle touchant, se lisant d’une traite où son écriture simple et précise tente d’exorciser l’irrémédiable; il n’est point de question de destin, de trajectoire dans son livre autobiographique mais juste d’un quotidien irrémédiablement bouleversé pour un couple dont l’un d’eux va mourir. Les chapitres sont organisés autour de ces « si », énoncés dès le début du livre pour être ensuite disséqués comme s’il s’agissait d’une autopsie, recherchant les causes de la mort. Mais Brigitte Giraud n’est pas médecin légiste, elle est écrivain. Alors pour expliquer comment elle est devenue veuve à 29 ans, elle explore tout le champs des possibles qui ont créé l’accident de moto de son compagnon et père de son enfant. Cela va d’un déménagement inespéré à un voyage pour rencontrer son attachée de presse à Paris; de son frère auquel elle rend service, au génial constructeur japonais de cette moto surpuissante, interdite hors circuit, dans son pays d’origine. « C’est eux qui les fabriquent mais c’est nous qui en mourront ». La faute à l’absence de pluie, à un feu qu’on respecte, à son fils qui n’est pas parti en vacances, à une 4L qui n’aurait jamais dû être là. La faucheuse n’a pas fait de quartier. L’auteur y voit un accident, d’autres y verraient le destin mais, dans ce cas, ils n’auraient pas écrit un livre dont le titre s’inspire de Lou Reed, « Vivre vite, mourir jeune »

AW

Vivre vite, de Brigitte Giraud chez Flammarion, 208 pages, 20€

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