7 septembre 2016
Une rentrée très photographique
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Les Rencontres photographiques d’Arles, c’est fini dans deux semaines…car, très bonne idée, celles-ci débutées par une semaine tonitruante se prolongent jusqu’au 25 septembre avec l’occasion chaque année de s’en mettre plein les yeux avec une foule d’expos où chacun peut trouver son compte, entre rétrospectives, tapis rouge comme celui fait à Hara Kiri ou encore thématique avec cette formidable collection autour du masculin/féminin. De grands noms de la photographie sont ici présentés à l’image du photographe américain Sid Grossman présenté à l’espace Van Gogh ou encore Don Mc Cullin, exceptionnel photographe de guerre qui sait tout faire, des paysages de son Somerset à la classe ouvrière anglaise, en passant par les sites archéologiques d’Alep et de Palmyre, l’oeuvre en noir et blanc de toute une vie présentée à l’église Sainte Anne. En face, dans le bâtiment de l’Archeveché, on découvre une emballante exposition sur les « Parfaites Imperfections », clichés de cactus improbables et autres anomalies pour des clins d’oeil qui feront sourire même les plus blasés. Charles Frégé a lui choisit d’aller dans les campagnes japonaises pour tirer le portrait de ses innombrables figures masquées où la tradition perdure; des spectres, des monstres, des ogres et farfadets qui posent sur des fonds naturels pour une exposition des plus rafraichissantes à voir à l’église des Trinitaires. Et si vous ne pouvez aller à Arles, un conseil, achetez le très beau catalogue des expositions paru chez Actes Sud, un panorama complet des expositions Arlésiennes.
Du western à l’avortement
Le folklore, on est en plein dedans avec l’exposition sur le Western dans la magnifique église des Frères-Prêcheurs avec Johnny Halliday dans son film D’où viens-tu Johnny tourné en terre camarguaise associé à Buffalo Bill et les plus grandes figures mythiques de ce genre cinématographique à part. De Nollywood en passant par le Mali, Arles confirme, dans cette édition 2016 une fois encore, que ces rencontres convient chaque visiteur à faire un grand voyage dans le monde mais également dans des thèmes traités comme dans un documentaire à l’image du travail autour de l’avortement de Laia Abril. Avec ce constat que sans contraception, une femme tomberait enceinte quinze fois dans sa vie et aurait en moyenne dix enfants, voilà toute l’imagerie autour de l’interruption de grossesse qui est questionnée dans une expositioin sans concession présentée au Magasin électrique, non loin de la Fondation Luma dont le bâtiment bétonné imaginé par Frank Gehry pousse dans le ciel arlésien. car la ville change, loin de ce quartier populaire de la Roquette qui vit les balbutiements du festival, lequel regroupe désormais plus de quarante expositions.
L’Etat Islamique, incontournable à Perpignan
En ce mois de septembre, c’est aussi du côté de Perpignan que l’amateur de clichés photographiques se rend avec jusqu’au 11 septembre le festival Visa pour l’image consacré au photojournalisme.  Cette 28 ème édition aura comme chaque année produit son lot d’expositions et de projections dédiées à ce genre particulier avec, cette année, l’Etat Islamique plus que présent dans les photos; après avoir plané tout l’été sur une France apeurée et endeuillée, il s’est invité sur les cimaises du Couvent des Minimes, dans les conférences mais aussi dans les projections, notamment dans celle de la soirée de clôture, qui récompensait ce soir là, la photographe Darcy Padilla avec le prix Canon de la femme photojournaliste, soutenue par le magazine Elle.
Cette dernière projection était aussi le moment de célébrer l’anniversaire des 30 ans de l’agence VU’, fer de lance d’une certaine écriture photographique, documentaire et engagée, engagée envers l’homme et ses contemporains.
La projection du samedi 3 septembre a ainsi, outre ses moments festifs, a égrené dans une infinie litanie la liste des attentats commis par cette organisation, de Paris à Ouagadougou, de Bagdad à Istanbul.
Cette année aussi, la grande famille des photoreporters a connu la douleur de perdre un de ses père fondateur, puisque Marc Riboud, photographe voyageur s’est éteint le 30 aout dernier au beau milieu de la semaine d’ouverture, alors qu’une rétrospective lui était consacrée.
Dédié au photojournalisme, le festival rassemble les agences et les titres de la presse du monde entier, pourtant ce n’est pas à Perpignan que l’on verra de la photographie glamour, les paillettes de Cannes ou d’Hollywood, pourtant si chères à l’un des magazines people français.
Si le festival est souvent sombre et défend des regards et des démarches photographiques pas toujours aisées à placer dans les pages des magazines de papier glacé, cette édition 2016, actualité oblige, était particulièrement noire: migrants, zika, guerre en Afghanistan ou en Syrie et surtout surtout, le photographe, David Guttenfelder a exposé des photographies exclusivement prises avec on smartphone et diffusées sur Instagram. Sacrilège ou évolution? A vous de voir…
Par Laetitia Monsacré et Aurelie Tisseyre

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