C’est avec un « musical » que le Châtelet a choisi de finir en beauté sa saison, offrant à Lambert Wilson un rôle à sa mesure, celui du Roi de Siam dans The King and I. Après Yul Brynner, le comédien français, aussi à l’aise dans le jeu que dans le chant apparait, cheveux blancs et avec une prestance impériale, aux côtés de cette gouvernante anglaise têtue que la grande mezzo-soprano américaine Susan Graham joue avec un bonheur non dissimulé. Robe crinoline noire, sévère de veuve lorsqu’elle arrive, son personnage évoluera tout comme celui du roi au fur et à mesure de cette histoire qui raconte avant tout le choc des cultures, entre Occident et Orient. Anna est libre, émancipée et sait ce qu’elle veut: une maison à elle, apprendre le monde à ces élèves comme il est, et « ceatera, et ceatera. » Face à elle, le roi est prisonnier de ses traditions et de sa fonction, polygame et forcément misogyne. Ces deux-là devront s’apprivoiser sur fond de respect de l’étiquette et de féminisme dans ce musical plein d’humour, servis ici par des décors féeriques. Lee Blakeley, le metteur en scène de cette comédie culte datant de 1951, imaginée par le célèbre tandem Rodgers et Hammerstein, réussit en effet parfaitement cette adaptation pour la scène parisienne, chantée en anglais sur la scène du Châtelet qui confirme une fois de plus son goût pour les comédies musicales « haut de gamme ». Celle-ci est depuis La Mélodie du Bonheur de loin la plus réjouissante…
LM
The King and I au Châtelet jusqu’au 29 juin 2014