« Si l’on pouvait croiser l’homme et le chat, ça améliorait l’homme mais ça dégraderait le chat ». Mark Twain n’est pas tendre pour ses semblables. Il faut dire que l’homme est sans aucun doute l’espèce la plus malfaisante qui soit pour avoir brûlé au Moyen Age, en même temps que les sorcières, ce mini félin en grand nombre comme nous l’apprend ce petit traité fort élégant. De l’élégance dans le style pour mieux rendre hommage à ce compagnon apparu sept mille ans avant notre ère en Egypte, où il fut vénéré comme un Dieu- quiconque tuait un chat était alors soumis à la peine de mort. Protégeant les récoltes des rongeurs, le chat a gagné au cours des siècles ses galons d’animal de compagnie, inspirant particulièrement les écrivains comme Colette ou Baudelaire, séduits par cette liberté et ce « détachement supérieur » qui le caractérise. « Il connait l’art et la manière de se faire aimer » écrit Stéphanie Hochet qui, après plusieurs romans, a écumé la littérature française mais également étrangère-du japonais Sôseki, Je suis un chat à Tennessee Williams et sa Chatte sur un toit brûlant pour tenter de cerner ce qui fait que « ce libertaire » ait pu se faire aimer tant des hommes, jusqu’à la passion comme dans La Chatte de Colette. Un séducteur, associé bien souvent à la femme-Léautaud ne disait-il pas: « Chaque fois qu’une maîtresse me quitte, j’adopte un chat de gouttière: une bête s’en va, une autre arrive » mais également un prédateur sans merci, tout en « flexibilité », et capable de rester des heures immobile à attendre le bon moment pour fondre sur sa proie. Les propriétaires de ce tigre d’appartement liront avec plaisir cet Eloge du chat, lequel reste cependant bien en deçà de celui de perdre ses mains dans ses poils soyeux, et le regarder, tel un seigneur des lieux évoluer. La littérature a ses limites…
AW
Eloge du chat de Stéphanie Hochet, aux éditions Léo Scheer, 15 euros