Des personnages étonnants, des gens de tous les jours et qui pourtant semblent sortir tout droit d’une bobine de film… Est-ce la confrontation des photos de Sabine Weiss avec celles de photographes contemporains qui donne cet aspect cinématographique?
Les villes, la rue, l’autre est une exposition de photographies unique en son genre. Elle plonge au cœur de la photographie humaniste de Sabine Weiss, une époque révolue (l’exposition couvre la période 1945-1960) et met en lumière notre temps par sa confrontation avec des photographes contemporains.
« Une image toute simple, dépouillée, mais qui montre la joie, le malheur ou l’hésitation d’un individu, c’est ce que j’aime » dit Sabine Weiss.
Sabine Weiss arpente les rues et part à la rencontre de l’autre, captant les bonheurs simples de la vie de tous les jours, les difficultés et les injustices. Lumières douces, instants décisifs à la Cartier-Bresson, reflets dans les flaques, le Paris des années cinquante, des regards, des sourires, du mouvement, le froid, le soleil, des cadrages en plongée…Sabine Weiss avance, s’éloigne, surprend. Tel un ballet, c’est un spectacle vivant, enthousiasmant. On dirait presqu’un film. Paris, New York, Moscou.
Paris, Los Angeles, Moscou, New York
L’exposition dégage une énergie forte. Elle met en regard les photographies de Sabine Weiss avec celles de quatre photographes contemporains qui travaillent également la thématique de la ville, la rue et l’individu. L’exposition est divisée en quatre thèmes: « La ville contrastes et lumières » où le noir et blanc de Paris de Sabine Weiss, théâtre de vie est mis en regard avec les couleurs de Los Angeles pourtant empreint de solitude de la photographe Lise Sarfati. « La séquence », des photographies de scènes de vie dans Paris de Sabine Weiss sont mises en regard avec celles du photographe Paul Graham « A Shimmer of possibility », moments poétiques d’instantanés d’un road trip américain.
Et puis la série « Moscou » de Sabine Weiss de 1961 illustrant des parades organisées sous le régime totalitaire de Nikita Kroutchev mises en regard avec des photographies de Paola Yacoub, prises au Liban, de vendeurs de fleurs soupçonnés d’être des agents syriens. Enfin, la série « New York », des images de Sabine Weiss bouillonnantes, en regard avec celles de Viktoria Binschtok dont le travail est un jumelage de photographie humaine et d’exploration virtuelle.
Ces confrontations permettent de comprendre une certaine évolution de la photographie de rue, de la ville où l’on perçoit une solitude encore plus grande et saisissante aujourd’hui. L’approche est intéressante et originale car elle permet d’extraire le sens de ce qui se passe autour de chacun de nous.
« Lumières, gestes, regards, mouvement, silence, repos, détente, je voudrais tout incorporer dans cet instant pour que s’exprime avec un minimum de moyens l’essentiel de l’homme » dit Sabine Weiss. Pari réussi !
« Les Villes, la rue, l’autre » au Centre Pompidou jusqu’au 15 octobre 2018
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