7 septembre 2020
Rentrée romaine sous le signe de Verdi

Revenant dans les murs du Teatro Costanzi, après plusieurs mois de silence dû à la crise sanitaire, le Teatro dell’Opera de Rome fait sa rentrée avec un série de concerts estampillés Septembre en musique, dans lesquels les forces vives de l’institution italienne, orchestre et choeur, font leur retour sur leur scène, devant un public contingenté, en raison des restrictions en vigueur – comme la durée des programmes, d’une heure quinze environ, conçus pour éviter l’entracte, et les risques de rassemblement. Ce sont les grands noms du répertoire, et d’abord italien, qui ont été retenus pour ramener à nouveau les spectateurs en salle. Après Vivaldi, Verdi est à l’honneur de deux soirs, placées sous la baguette de Paolo Arrivabeni, avec un spicilège d’ouvertures et de choeurs, équilibrant pages iconiques et d’autres moins souvent jouées de la jeunesse du maître de Busseto – que lui-même avait surnommés ses « années de galère », étant obligé d’écrire sans relâche pour assurer sa subsistance.

Raretés et symboles du premier Verdi

Premier succès de sa carrière, Nabucco compte parmi les œuvres les plus célèbres de Verdi, et c’est avec la Sinfonia introductive que s’ouvre la soirée, entre accents vigoureux de théâtralité et sensibilité mélodique, balance que l’on retrouve dans le choeur Gli arredi festivi, avec des effectifs préparés par Roberto Gabbiani. Prenant son élan depuis un motif au dramatisme sombre, l’Ouverture de Giovanna d’Arco, opus créé trois ans après, en 1845, affirme une semblable vitalité défendue avec l’énergie mordante de l’italianità. D’un autre ouvrage rare, Ernani, datant de 1844, Si ridesti il Leon di Castiglia se distingue par l’héroïsme attendu, avant l’Ouverture d’Attila, pièce de 1846 que l’on voit épisodiquement sur les scènes.

Un des symboles du Risorgimento, le Patria oppressa de Macbeth, dont la première version a été créée en 1847,transcende la résignation par un espoir recueilli dans lequel prime l’impact de la masse du choeur, depuis ses premiers murmures. Extraites de deux œuvres parmi les moins jouées de Verdi, les deux suivantes, l‘Ouverture de la Battaglia di Legnano, de 1849, et O Signore, dal tetto natio, de I Lombardi, composé six ans plus tôt, élargit de manière bienvenue la curiosité du spectateur. Après les rythmes et les couleurs parfois éclectiques du ballet de Macbeth, le Va pensiero de Nabucco referme cette déambulation musicale verdienne, avec une ferveur recueillie qui en fait un bis idéal. Un viatique incontournable pour tout Italien, et ami de la patrie de Verdi, qui invite à un courage bienvenu devant les incertitudes de la pandémie de coronavirus. La musique n’est pas seulement une consolation, mais une nourriture indispensable, hier comme aujourd’hui.

Par Gilles Charlassier

Concert Verdi, Teatro dell’Opera, Rome, septembre 2020

Articles similaires