Qu’ il y a t’ il de plus révoltant que l’injustice? Lorsque la confiance que l’on a mise dans un groupe donné lui permet de commettre au vu et au su de tous un crime? The Conspirator, le dernier film de Robert Redford est arrivé comme une bénédiction au Festival du film américain de Deauville. Avec cette résonnance si actuelle- le propre des films inspirés- alors que Troy Davis choisissait l’injection létale plutôt que la chaise électrique il y a à peine un mois. Rappelez vous, l’Etat de Géorgie exécutait après un suspens insoutenable ce noir de 42 ans, arrière petit -fils sans doute de l’un de ces 500 000 esclaves que les planteurs de coton importèrent dans cet état à la moitié du XIX siècle – ce malgré une loi fédérale l’interdisant. Une zone donc de non- droit dans le passé où le Ku klux Klan connut de belles heures et où aujourd’hui le gouverneur républicain a encore 133 condamnés à mort à exécuter. Il faut dire que ce condamné, en dépit d’une absence criante de preuves et de témoins revenus sur leur déposition- recueillie par des policiers blancs -était inculpé d’avoir tué un des leurs. Et que cet état fut à l’origine de la guerre de sécession lorsqu’en 1865 Abraham Lincoln promit qu’il abolirait l’esclavage et où, en 1962, Martin Luther King -né dans sa capitale Atlanta trente trois ans plus tôt- fut emprisonné pour son activisme non violent contre la ségrégation. Ainsi, et Robert Redford le démontre avec son intelligence habituelle dans son film hstorique en ayant choisi de s’intéresser aux fondations des Etats-Unis d’Amérique, rien ne peut aller à l’encontre de ce que l’on appelle la raison d’Etat. Et rares sont ceux qui résistent à la tentation de légaliser leurs crimes comme le montre de façon universelle ce long métrage brillant en relatant le combat d’un jeune avocat -James McAvoy, parfait- chargé de défendre contre ses convictions les assassins du Président Lincoln. Car, pour installer cette Union naissante, ancêtre des Etats-Unis d’Amérique, il fallait des coupables – même s’ils étaient innocents comme l’était cette femme jouée avec beaucoup de justesse par Robin Wright. Les juges pressés par une foule ivre de vengeance décidèrent du calendrier et …du verdict du procès. Intimidation des témoins, modification du verdict jugé trop clément par le ministre de la guerre et enfin annulation par le nouveau Président de l’Union d’une ordonnance d’appel pour un nouveau procès- personne y compris cette innocente n’échappa à la pendaison; de là naquit la vocation de journaliste de leur avocat talentueux qui écoeuré, abandonna par la suite les prétoires pour fonder le Washington Post. Car, dans son combat pour la justice, les dés étaient pipés à l’avance. Tout comme pour le grand Redford dont le producteur du film, The American Film Company, a jugé devant les chiffres médiocres du box office américain- 11 millions de recettes pour 25 millions de budget – que son histoire en costumes se déroulant sur un événement survenu il y plus d’un siècle et demi en Amérique ne méritait pas de sortir en salles en France. Alors c’est en VOD à partir du 16 novembre et une semaine plus tard en DVD que sortira ce film, victime du jugement du grand public américain pas vraiment toujours bon juge en la matière…Et ce malgré que pas un mois ne passe sans que l’actualité ne confirme ô combien comme ce film est moderne. Une injustice aberrante dont le public français est otage et que The Pariser aurait aimé réparer via une pétition en ligne. Il est malheureusement pour ce film trop tard ce qui ne nous empêchera pas d’espérer dans le futur de souhaiter que le « Indignez vous » de Stéphane Hessel fasse dans ce domaine aussi son chemin.