Dimanche 4 novembre. Paris. La grande Paris, Paris des dimanches ensoleillés, Paris des promenades automnales, Paris et son rythme de vie effréné, Paris et ses passages cachés, Paris et sa Seine toujours aussi somptueuse pour qui sait découvrir ses plaisirs cachés (les ballets de péniches au crépuscule n’ont rien à envier à sa sœur Tamise), Paris et ses parisiens, Paris et ses…contrôles RATP ! Gare de Lyon. 16h. Me voici partie, armée de mon appareil photo et de mon carnet, qui ne me quitte dorénavant plus soit dit en passant, en reportage au Théâtre La Bruyère. Un soleil au beau fixe pour l’occasion, le spectacle s’annonce réjouissant. Ce n’était sans compter mes déboires métropolitains. Mon Pass Naviguo venant de se périmer, je le rechargeai pensant qu’il fonctionnerait ce week-end. Evidemment contrôlée il va s’en dire (nul doute aucun que Pierre Richard devait être dans les parages à ma naissance) j’argue avec fougue et passion de ma bonne foi et attendit le verdict. Mon ignorance et mon étourderie avaient un prix : 60 euros ! J’échoppai d’une amende de niveau 3, au même titre que « épanchement d’urine », « souillure », « refus d’obtempérer aux injonctions d’un agent ». Prenant soudainement conscience que le budget « Noel » de cette année allait payer le prix (c’est le cas de le dire !) de ma mésaventure, je sentis dangereusement ma gorge se nouer, et les larmes mirent bien peu de temps à arriver. Luttant contre cet épanchement fluvial soudain, je m’efforçai de contenir ces hordes lacrymales sans y parvenir. Tout en restant la plus courtoise du monde je tentai de prouver encore une fois à Dame contrôleuse ma sincérité. Ce à quoi elle me répondit avec un sang froid irréprochable « très bien, ce sera 90 euros si vous payer plus tard, l’amende sera majorée de 30 euros ». Les larmes redoublèrent. J’essayai alors de me souvenir du précepte populaire et de « penser à quelque chose de joyeux ». Rien ne me vint. Je tendis alors difficilement, du fait de mes mains tremblantes, ma carte bancaire, en précisant que c’était la première fois que ça m’arrivait, n’ayant jamais fraudé de ma vie, ce à quoi elle me rétorqua avec le même cynisme glacial : « il faut une première à tout mademoiselle ». Après quelques recherches, déformation journalistique oblige, je découvris que les agents RATP ont des « objectifs à atteindre ». Grâce à moi et d’autres généreux donateurs anonymes, Dame contrôleuse aura sans doute atteint ses objectifs. Certes c’est son travail me direz vous. Elle est payée pour cela. Payée pour faire payer. Que sans ces amendes distribuées elle perdrait sans doute son travail et donc qu’elle ne pourrait pas offrir de cadeaux à Noel à ses enfants cette année, qu’elle serait obligée de manger des patates, qui sait pire qu’elle se retrouverait à la rue. Grâce à moi rien de tout cela ne se passera. Ces pensées me rassurèrent, mon compte bancaire un peu moins. Et puis tout de même elle m’a laissé un billet pour finir mon trajet, ce à quoi j’ai répondu « merci madame », 60 euros contre un « merci », elle a, pour sur, gagné sa journée, moi un peu moins…Je repartis donc en larmes dans le métro parisien, sous le regard plus ou moins bienveillant des usagers de la rame…Alors pour me donner une contenance et tenter d’exulter ma peine je décidai d’appeler mes amis, la contrôleuse passa par tous les noms d’oiseaux dont je vous épargnerai ici le détail il va s’en dire. Heureusement le spectacle me permis de m’évader, pas une seule fois je ne pensai aux 60 euros que je venais de fournir à Dame contrôleuse. Ce qui conforta mon idée et ma conception de la culture, et ce pour quoi je travaillais : la culture, un ami qui vous veut du bien. « Aimer la ville » grâce à la RATP qui me permit de me rendre au théâtre, tout le slogan fit sens sans ma tête. Pour le trajet retour, je pris bien évidemment le traditionnel ticket à 1.70 et le…bus. Le traumatisme subi dans le métro étant encore par top vivace. Je tombai sur un machiniste, un de ceux qui « tiennent le bout de bois » dans le jargon du métier, en d’autres termes un conducteur de bus, goguenard et fripon (ah Paris et sa vie légère !) qui décida de m’emmener là ou j’allais étant pourtant en service partiel et me fit bien rire du reste. Mon animosité envers la RATP s’envola bien vite et à nouveau je me remis à « aimer la ville »…