10 février 2020
L’opéra version cinématographique à l’Athénée

Créé à Compiègne quelques jours plus tôt, le dernier week-end de janvier, avant une série de représentations à l’Athénée, le premier opéra de Guillaume Connesson, Les bains macabres plongent le spectateur dans une intrigue à la Maigret, mâtinée d’une touche de symbolisme fantastique et assaisonné par l’humour léger du vaudeville. En deux heures et demie distillant habilement un suspens non dénué d’ironie ni de sentiment, la pièce, sur un livret d’Olivier Bleys, narre les péripéties d’un établissement de bains, le Terminus, où se succèdent des morts suspectes. Avec des panneaux coulissants suggérant des cabines de bains, une terrasse à l’étage supérieur réunissant les âmes des défunts, ou encore l’hologramme de l’amant virtuel, avant d’être réel, la mise en scène de Florent Siaud campe ingénieusement les lieux où décantation, hygiénisme immaculé et cadavres font bon ménage.
A rebours des expérimentations d’avant-garde qui nourrissent pour certaines oreilles l’âpre réputation de la musique contemporaine, la partition déploie une séduction mélodique et orchestrale assumée, puisant à de foisonnantes sources du siècle écoulé, de Debussy et Ravel à Chostakovitch. Dans la lignée d’une certaine école française sans doute un peu tombée en désuétude, l’écriture vocale défend les ressources d’une déclamation chantée aussi attentive à l’élégance de la ligne qu’à la clarté de la ligne et de la diction. Les solistes s’en font d’ailleurs le relais : on retiendra Célia sensible de Sandrine Buendia, innocente femme de bains qui se révélera être la maïeuticienne macabre des curistes en souffrance. Sous la direction d’Arie van Beek, l’Orchestre des Frivolités parisiennes, coproducteur du spectacle, affirment l’accessible gourmandise d’un opéra transposant astucieusement les codes du polar et de la vitalité cinématographique. Loin des querelles de modernité dont le public n’a pas toujours cure, ces Bains macabres n’attendent pas la réévaluation de la postérité pour rencontrer un indéniable succès.

Par Gilles Charlassier

Les bains macabres, Connesson, Théâtre de l’Athénée, février 2020

Articles similaires