14 mai 2019
L’Obs n’observe plus

Cette semaine, L’Obs, ancien hebdomadaire emblématique propriété de Claude Perdriel et vendu au groupe Le Monde fait sa « cover », à l’image de Challenges, autre titre du groupe, sur un sujet alléchant- la dépression ou sa version professionnelle, le burn out. On nous promet en couverture d’apprendre des choses sur les nouvelles thérapies depuis que le Prozac et autres anti-dépresseurs se sont unis il y a une dizaine d’années pour recréer de la sérotonine dans le cerveau des un Français sur cinq souffrant de ce que l’on nomme facilement le mal du siècle.  Après huit pages, un constat: on n’apprend rien. Témoignages, article sur le lien avec l’alimentation, les psychiatres interviewés se gardent bien de rappeler que les anti-depresseurs sont en fait des amphétamines « light »-il ne faudrait surtout pas vexer les laboratoires, potentiels annonceurs- qui créent l’angoisse et ne marchant pas sur 20 % des malades qui ont le malheur, après les 15 jours annoncés pour que le traitement agisse, de rester aux prises de leurs bouffés d’angoisse. Ayant de fait recours aux anxiolytiques, ils découvrent pour leur plus grand malheur le cercle vicieux de leur accoutumance et la disparition de leurs effets après 15 jours. Ne restent plus alors que l’insomnie créée par l’excitation créée par l’antidépresseur que l’on va alors tenter de soigner avec des somnifères. Bref, l’escalade médicamenteuse face à laquelle la psychotérapie, la méditation en pleine conscience et autres thérapies longues sont présentées comme une solution mais qui restent bien inappropriées en cas de dépression grave comme l’a si justement décrite William Styron dans Face aux ténèbres. L’hospitalisation est dès lors souvent le seul remède mais le dossier ne lui consacre aucun article pour raconter ce qu’on y fait à part mettre à l’abri ceux qui serait tenté par le suicide comme Romain Gary, depressif chronique. Pas plus qu’il n’évoque les nouvelles thérapies comme le neurofeedback ou la stimulation magnétique crânienne. Armé d’un stylo rouge, un professeur aurait noté « Approfondissez ». Le lecteur occasionnel ou l’abonné plus ou moins content de la tablette made in China offerte aura quant à lui une nouvelle fois encore, l’exemple navrant que la presse hebdomadaire qui ne cesse de perdre ses lecteurs et survit comme chacun sait grâce désormais à ses annonceurs a depuis bien longtemps renoncer à informer mais juste rempli des pages comme avec cet énième dossier marronnier. Triste et dommage.

Par April Wheeler

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