Le Français revient avec Angels in America sur ces années 1980 où la communauté gay américaine a vu un mal la frapper sans crier gare: le sida. Sarcome de Kaposi- des taches sombres sur le corps, le système immunitaire qui tombe en panne, la pièce de l’américain Tony Kushner écrite de 1987 à 1989 et couverte de prix, montre implacablement comment Prior Walter, jeune homosexuel cultivé et Roy Cohn, avocat véreux et puissant, se battent chacun à leur façon face à cette mort annoncée. « Je suis lésionnaire » se lamente l’un tandis que l’autre vitupére; joués respectivement par Clément Hervieu-Léger et Michel Willermoz, les deux comédiens éblouissent dans leur personnage à l’image du reste de la troupe- Florence Viala en ange s’élevant dans la salle Richelieu ou encore Dominique Blanc en mère mormonne. Et si quelques-uns sont restés sur leur fin après avoir vu la version longue-six heures montée par Brigitte Jacques en 1994 ou encore Warlikovski à Avignon, la mise en scène d’Arnaud Desplechin sied parfaitement à cette pièce chorale malgré un manque d’émotion et quelques longueurs. Peut-être cela vient-il chez les spectateurs souffrant d’une « insuffisance du coeur » comme dirait l’un des personnages…
LM
Angels in America de Tony Kushner, jusqu’au 27 mars 2020 à la Comédie Française