22 mai 2023
Le Sultan Erdogan résiste

Lorsque l’on arrive à Istanbul avec la compagnie turque low cost Pégasus, laquelle n’a plus rien à envier à ses concurrentes européennes avec des centaines de destinations et un aéroport dédié Sabiha Gökçen, les soixante kilomètres qui le sépare de la capitale turque donnent à voir un pays qui n’a cessé de se moderniser avec des quartiers d’affaires aux tours évoquant La Défense, et la plus haute tour d’Asie, dédiée aux télécommunication de  369 mètres de haut (la Tour Eiffel en fait 300) qui, inaugurée en 2021 par le Président Erdogan, en fait un des investissements et des bâtiments les plus symboliques de cette nouvelle Turquie, dont le gigantesque drapeau national flotte sur la rive asiatique. Car, c’est surtout de ce côté du Bosphore que la plus grande ville turque comptant 15 millions d’habitants s’est étendue, avec à la clé des embouteillages monstrueux sur les deux ponts enjambant le Bosphore pour accéder au centre d’Istanbul, avec ses quartiers occidentaux et sa vieille ville aux multiples mosquées et son Palais Topkapi, séparés par la Corne d’or. Ne serait-ce le son des muezzins qui se répondent de collines en collines à l’heure de la prière, on pourrait de croire dans une ville européenne sauf qu’en 22 ans de (règne?) de présidence tout puissante, Erdogan est devenu un autocrate, que des millions de Turques souhaitent aujourd’hui voir céder son « trône » à l’opposition.

Des promesses de résoudre la crise économique au clientélisme

« Notre avenir dépend de cette élection » s’écrit une femme dans le quartier de Beyoglu, inquiète de la réélection, contre toute attente en ballotage favorable au premier tour, de celui qui incarne l’islam politique et ses dérives autoritaires avec des médias muselés et des milliers d’opposants enfermés sans procès- fonctionnaires, professeurs, intellectuels suite au putsch raté qui, en 2016, a tenté de le renverser. Une immense vague populiste l’avait à l’époque sauvé et pourrait bien à nouveau semer la discorde dans le résultat de ces élections que beaucoup de Turques, surtout les plus jeunes-primo votants considèrent comme un référendum contre l’autocrate Erdogan. La crise économique qui lui avait bien réussi, en se positionnant en « sauveur »en 2001 et permis de remporter les élections, l’avantagera-t’elle malgré les secours défaillants et la corruption des promoteurs révélée lors du séisme du 6 février dernier, critiques qui n’ont pourtant pas empêché le président sortant d’arriver en tête dans ces régions sinistrées fort de son parti l’AKP et de sa politique de clientélisme en distribuant repas et tentes aux sinistrés. Alors la Turquie redeviendra-t’elle une démocratie et une alliée fiable pour les Européens face à Poutine et la Chine? Réponse dimanche 21 mai 2023 en soirée.

Par Laetitia Monsacré

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