20 février 2019
Le grand Clash

Après notre article La Grande Manipulation publié en janvier dernier-à lire ou relire, les quenelles de décembre, voilà donc pour fêter les trois mois des Gilets Jaunes, l’antisémitisme qui se réinvite à la Une des médias. En parallèle avec les chiffres du Ministère de l’Intérieur indiquant une mobilisation en baisse-on ne va pas vous les donner vu la source des moins objective- et un sondage prouvant que désormais moins d’un Français soutiendrait encore le mouvement des GJ- là encore, le conditionnel s’impose sans verser dans le complotisme- samedi après samedi, force est de constater que l’on applique la même recette: on diabolise/on minorise à coups d’images tournant en boucle sur les chaines infos et de tweets provocateurs du Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner ou du porte parole du gouvernement, Benjamin Grivaux sur les réseaux sociaux. Un procédé que l’essayiste Christian Salmon a parfaitement analysé dans son dernier livre L’Ere du clash publié chez Fayard, douze ans après son essai Storytelling aux Editions la Découverte. Faire passer des messages en les intégrant dans un récit structuré, cohérent et séduisant pour le public -on lui racontait « une histoire » à l’image des articles dans la presse écrite- a laissé place au « clash » créant la controverse sur les réseaux sociaux. Avec cette idée que «La vérité, c’est ce qui attire le plus de paires d’yeux», et à la clé, la victoire des rumeurs les plus folles sur la toile. Ainsi, Christian Salmon cite-t’il Steve Bannon, stratège et ex-conseiller de Trump, devenu récemment tout comme Matteo Salvini, Ministre de l’Intérieur italien d’extrême-droite, un soutien actif du mouvement des Gilets jaunes qui appliqua pour faire élire Trump une stratégie de communication reprenant la doctrine militaire mise en œuvre lors de l’invasion de l’Irak en 2003 « Shock and Awe »-choc et effroi- « qui consiste à paralyser la perception du champ de bataille par sa puissance de feu ». Ainsi Trump tweet-il sa colère tout comme Macron et Castaner mettent-ils continuellement de l’huile sur le feu en félicitant les forces de l’ordre alors que David Dufresne en est à plus de 480 signalements de bavures, celles -ci restant désespérément sans réponse. De quoi créer acte après acte un immense ressentiment, a fortiori après le « Macron tour  » de ce mardi 19 février et la visite du cimetière juif profané de Quatzenheim, où le président d’un pays-rappelons-le- laïc a arboré la kippa alors qu’une proposition de loi vient d’être présentée récemment pour interdire les femmes accompagnant les sorties scolaires de porter le voile. Quant à la grande manifestation de ce soir place de la République, les blessés, mutilés et éborgnés à vie ont dû apprécier que deux anciens Présidents, François Hollande et Nicolas Sarkozy ainsi qu’une pléthore de personnalités politiques sortent de leur silence assourdissant pour venir soutenir, certes une cause juste, mais comme le serait tout autant la dénonciation de la violence légale perpétrée par les forces de l’ordre en toute impunité qui additionne les victimes parmi les manifestants pacifistes et les journalistes dans une coupable omerta au sein même de leur médias, France 3 en décembre pour une journaliste, BFMtv ce samedi pour un JRI.

De la stigmatisation

Dans la «start-up nation» mise en place par Emmanuel Macron selon les termes de Christian Salmon, le Président, « croisement de De Gaulle et de Xavier Niel » ne cesse ainsi de pratiquer « le clash »  avec son ton tantôt « gouailleur » : «C’est de la pipe», «Il ne faut pas raconter des craques», ou encore devant les jeunes: «La vraie réforme, elle va avec la contrainte, les enfants ! C’est pas open bar.» Tantôt « doucereux » comme devant les instances juives où il semblait venir enterrer son propre père, une sollicitude qui lui manque si cruellement à l’égard de tous ceux qui payent dans leur chair leur droit à manifester. Comment tient-il alors que les réseaux sociaux-source devenue quasi unique pour s’informer des GJ- s’enflamment face à ces provocations? Cela d’autant que certains people comme François Bérleand ou Michel Boujenah sortent du bois pour tirer sur les Gilets jaunes défendus par d’autres comme Pierre Perret ou Brigitte Bardot? Et bien, par la bien connue « stratégie de la tension » qui a fait ses preuves dans le passé : on finit toujours face à la peur par se ranger du côté du pouvoir d’autant que « tout mouvement social a vocation à s’épuiser » rappelle Christian Salmon. Souvenez-vous: combien d’entre vous pensaient que « Ça ne passerait pas Noël? ». Sans oublier la méthode Coué: « Le temps est venu d’arrêter » comme le martèlent à l’envi députés et ministres LAREM. D’autant que là encore, le « clash » est mis en avant: des Gilets jaunes qui se battent entre eux à Lyon samedi dernier entre Antifas, fachos ou s’attaquent ce dimanche à une des leurs, Ingrid Levavasseur que certains ont insulté avec des remarques on ne peut plus sexistes, forcément « vendue » à Macron quand ce n’est pas à Bernard Tapie. Le résultat de cette politique du clash? Un « No exit » chez la plupart des GJ qui annoncent, loin de vouloir comme Ingrid Levavasseur ou Jacline Moureau proposer leur contribution au pilote d’un avion qui est en train de se crasher, qu’ils veulent changer d’avion. Au risque comme le rappelle très justement Christian Salmon de donner raison à Jean Baudrillard: « Plus s’intensifie la violence intégriste du système, plus il y aura de singularités qui se dresseront contre elle, plus il y aura d’événements voyous.» Lesquels sont le moyen parfait pour « aveugler » l’opinion publique sachant que ce verbe  signifie dans la Marine « réparer la coque d’un navire qui prend l’eau ». No comment.

Par la Rédaction

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