27 novembre 2018
Le grand bain, Mauvaises herbes, des contes de fées pour adultes

“ Mais quelle curieuse idée, à notre époque, d’être un réalisateur qui aime les gens ??!! ”. Voilà un des commentaires que l’on pouvait lire sur le site Télérama à propos du film sorti ce mercredi, Mauvaises herbes réalisé par l’humoriste Kheiron. Les « feel good movie », on en a tous besoin- à part Véronique Cauhapé du Monde pour laquelle, je cite « Dégoulinante- elle parle d’un film donc usage du masculin, non?– de bons sentiments, chargée d’une somme incalculable de lieux communs et d’épisodes attendus qui empêchent tout effet de surprise ou de « rebondissement », Mauvaises herbes n’arrache ni le rire ni les larmes. Tout juste déconcerte-t-il par toutes les balourdises qu’il accumule ». Les milliers de spectateurs qui l’ont placé en tête du box office apprécieront…Nous aussi, car si bien sûr les clichés y fleurissent en bouquet, nous avons ri et pleuré comme toute la salle ce lundi. Une vraie salle pas une projo presse où l’on s’interdit d’aimer ce qui n’est pas digne d’une Palme d’or à souvent périr d’ennui. Les dialogues? Irrésistibles: « Gentil, c’est pas un métier », « T’essayes pas tu fais en sorte », « Méfie toi d’un adulte qui mange des petits écoliers, c’est sans doute un pédophile », « Brosse toi les dents, c’est à leur belle dentition que les esclaves restaient en vie en débarquant en Amérique », tandis que le scénario touche au plus juste avec cette idée qu’« un enfant qui pose des problèmes est un enfant qui a des problèmes ». Kheiron, César mérité du premier film avec Nous trois ou rien en 2015 , ancien éducateur dans les banlieues sait de quoi il parle. Pour servir son scénario fait de multiples rédemptions, il a trouvé un couple du tonnerre avec André Dussolier et Catherine Deneuve. Après Dans la cour de Pierre Salvadori, Elle s’en va d’Emanuelle Bercot, la grande Catherine s’offre une fois encore un film solaire avec une scène digne des Parapluies de Cherbourg, lorsqu’elle se transforme en danseuse de salon à moins qu’elle ne devienne, le visage recouvert de scotch pour reproduire un tuto de maquillage, une icône de la génération 2.0.

Du rire, des larmes et une happy end

Des scènes qui provoquent un rire salvateur sur fond de pédophilie-là c’est sans doute en trop- de flics ripoux et de cette France d’en bas qui lorsqu’elle ne porte pas de gilet jaune, fait un casse à l’hypermarché pour s’offrir des tongs et des maillots de bain afin de plonger dignement dans Le grand bain de Gilles Lellouche. Là encore, le conte de fée n’est pas loin mais qui a dit que seuls les enfants avaient le droit à du Walt Disney? Poelvoorde en Bernard Tapie pisciniste, Philippe Katerine en débile généreux, Jean Hugues Anglade en chanteur looser, Mathieu Almaric en dépressif trop lucide, Guillaume Canet en fils perdu/ père manquant, Virginie Efira en écorchée de la vie, Marina Foïs en épouse-mère courage, Leïla Bekhti en virago détestable, ils sont épatants même si le film peine à démarrer, malgré un bon Simple Minds en ouverture. La bande son est en effet un acteur à elle seule, un peu lourdingue et facile mais d’une efficacité redoutable lorsque Phil Collins est convié pour le final. « S’en foutre, c’est finir une éponge à la main », la réplique de Jean-Hugues Anglade à sa fille, si honteuse de ce père qui fait le ménage dans la cantine de son collège, pourrait être dans le film de Kheiron. Mais pas dans Le Monde, ça ferait trop peuple…

par Laetitia Monsacré

 

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