9 avril 2016
La main dans le Panama

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Plus que jamais, le monde est partagé entre la masse qui trime et les profiteurs de la crise, qui n’a jamais eu aussi bon dos. Ce que l’on peut désormais appeler le Panamagate vient de le révéler avec une crudité inouïe : la liste de fraudeurs fiscaux qui ont utilisé les services d’un cabinet d’avocats panaméen pour des placements offshore confirme l’avidité éhontée des plus puissants. On se saurait trouver plus d’acuité à la récente condamnation papale du veau d’or qui soumet nos sociétés hypnotisées par l’économie.

A la solde des Etats

Mais si l’on ne peut qu’applaudir aux initiatives qui se chargent de rappeler l’équité devant l’impôt, rien n’empêche des législations favorables aux fortunes, au-delà du raisonnable, et l’âpreté au gain n’épargne pas les ministères des finances. Certes, Michel Sapin a confirmé, mardi soir au cours du débat de Cash investigation, le vote d’une procédure pour protéger les lanceurs d’alerte, sans garantie pour autant de sortir de la précarité la salariée d’HSBC condamnée au RSA pour avoir dévoilé les démarchages illégaux de son employeur. Les Etats plus Léviathan que jamais à l’heure orwellienne attisée par les menaces terroristes confisquent aisément l’intérêt général au nom d’idéologies sécuritaires, et la ruse d’une élite risque d’accroître la pression sur la transparence financière, jusque dans la sphère privée, avec une épée de Damoclès planant sur l’argent liquide, sans assurer que les données financières n’aient pas toujours la longueur d’avance des voleurs et des criminels. Tant il est plus facile de punir que de changer de monde : il faut bien préserver l’éternel veau d’or…

Par Gilles Charlassier

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