Après Avignon, voilà donc le Retour à Berratham qui arrive à Chaillot. Un constat: Preljocaj ne remplit pas la salle contrairement à Benjamin Millepied au Palais Garnier, chose désolante vu le talent du premier et les reserves qu’il y a lieu d’avoir sur le second en découvrant son Clear, Loud, Bright, Forward. Beau et ennuyeux, voilà les deux adjectifs qui viennent à l’esprit à regarder se mouvoir -certes, fort bien- les jeunes danseurs que le nouveau directeur de la danse de l’Opéra de Paris a choisi pour sa dernière création appliquée et bien trop cérébrale.
Présent dans tous les magazines féminins-et les autres, il confirme que « n’est pas grand chorégraphe qui veut », preuve en est avec la seconde partie de soirée où Opus 19/The Dreamer de Jerome Robbins achève de montrer la différence; les tableaux dont certains évoquent la Danse de Matisse sont tout simplement éblouissants dans cette entrée au répertoire qui sauve la soirée. Et le couple formé par Amandine Albisson et Mathias Heymann, un vrai bonheur à voir. Mention également à François Alu qui, dans les Thèmes et Variations de Balanchine confirme qu’il est prêt à être nommé étoile…
Mais revenons à Angelin Preljocaj et son récit de l’après guerre, avec son association aux mots de Laurent Mauvignier. Mélanger théâtre et danse, l’exercice est difficile et sans doute un peu raté. L’histoire de ce jeune homme qui revient dans son pays déchiré par la guerre-l’ex-Yougoslavie a inspiré l’écrivain- est d’une noirceur abyssale. Sa bien-aimée, Katja, a été violée, un enfant est né, on la marie de force et c’est tragiquement qu’ il finira par la délivrer de son sort de victime, étant arrivé trop tard. Difficile de faire plus sombre. Pour autant tout le talent du chorégraphe se trouve dans les scènes dansées comme leur coït sur le toit d’une voiture, ou la rage de la mariée, dansée nue par Emilie Lalande-sublime. De quoi donner hâte de voir son prochain ballet, sans texte…
LM
Retour à Berratham de Angelin Preljocaj au Théatre de Chaillot, jusqu’au 23 octobre 2015
Millepied/Robbins/Balanchine à Garnier jusqu’au 10 octobre 2015