10 février 2019
La Favorite, #Metoo au XVIII ème siècle

Une histoire de femmes. Il y a Anne, reine d’Angleterre confrontée à la guerre contre les Français, imposante mais fracassée, entourée de ses dix-sept lapins, chacun figurant un enfant perdu en fausse couche ou mort né. Sa dame de compagnie est une brune incandescente, Lady Marlborough qui porte la culotte au sens propre du terme, diaboliquement manipulatrice. Voire castratrice dans ce qui se profile vite comme une amitié amoureuse. Enfin, il y a  la blonde au visage d’ange, jeune fille bien née et instruite mais qui a été vendue par son père ruiné à un homme contre quelques pièces. La douche en commun, la dureté des cuisines, à la faveur d’herbes qui vont soulager les maux de jambes de la reine, elle va être « intronisée » dans les étages. Et se révéler plus machiavélique que sa protectrice; la douceur contre la dureté dans un monde d’hommes avec un seul but: faire sa place. « Vous venez me violer ou me séduire?  » « – Je suis un gentleman. » « Alors c’est pour me violer ». Les dialogues sont incisifs et Emma Stone prête tout son talent à son personnage d’outsider face à une Rachel Weisz incandescente et redoutable. L’une a tout à perdre, l’autre, tout à gagner face à cette reine immature et lunatique jouée par Olivia Coleman, en route pour l’Oscar de la meilleure actrice après avoir reçu le Golden Globe. Décors, costumes sont époustouflants dans ce film qui, avec dix nominations pour la célèbre statuette dorée part grand favori de la cérémonie. Du grand cinéma pour une grande production hollywoodienne où la patte du réalisateur grec Yórgos Lánthimos offre une délicatesse toute européenne à l’image de la scène finale, magistrale.

LM

 

 

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