Une ambiance sonore digne d’une finale de foot au Stade de France, des milliers de drapeaux dressés, 20 000 personnes qui applaudissent à tout rompre la création d’une taxe financière, une ovation pour le première secrétaire du Parti socialiste que n’aurait pas reniée Lady Gaga, un candidat normal qui annonce sous les vivas qu’il le restera…. Parce qu’il renouait avec l’enthousiasme en ces temps moroses, parce que la politique semblait tout à coup reprendre ses droits, le premier grand meeting du candidat socialiste à l’élection présidentielle en France, dimanche 22 janvier au Bourget, fera date.
De Ségolène Royal, la compagne bafouée, à Yannick Noah, le tennisman chanteur en délicatesse avec le fisc qui chauffa la salle, en passant par le couturier Christian Lacroix en duffle-coat rouge et l’ex-premier ministre-éclair Edith Cresson, tout le monde est venu écouter le tenant du « changement, c’est maintenant », au nom de famille fleurant bon le fromage et les tulipes, François Hollande.
De Gaulle, Mendès France et…Mitterrand
Plus de 30 ans qu’il fait de la politique, plus de 30 ans que les Français le regardent à la télévision et pourtant l’homme « né en Normandie dans une famille plutôt conservatrice » il y a 57 ans était comme neuf. Son secret ? « J’aime les gens comme d’autres sont fascinés par l’argent ». Son adversaire ? « Le monde de la finance ». Ainsi lança-t ‘il: « Sous nos yeux, en 20 ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies », reprenant une formule testée la semaine dernière aux Antilles, puis à Nantes face à Stéphane Hessel, l’infatigable résistant. Les résistants de Corrèze, les « pendus de Tulle » de juin 1944 eurent d’ailleurs droit à un hommage dans ce discours qui fit également référence à Charles De Gaulle et Pierre Mendès-France.
Quand un François en cache un autre… Célébré il y a deux semaines à Jarnac, cité maintes fois au Bourget, en direct ou filigrane, l’ombre de Mitterrand semblait partout, dans ce même mépris de l’argent que le défunt président conspuait déjà dans son discours d’Epinay, en 1971…Puis, une Marseillaise, chantée de bon cœur a mis un terme aux festivités déroulées sur fond bleu République, avec inscriptions en rouge et blanc et François Hollande, veste ouverte sur sa chemise blanche, bras en l’air en forme de « V » a parcouru de long en large la scène pour aller saluer des fans énamourés qui voulaient l’embrasser. Sa compagne Valérie Trierweiler a eu droit à un rapide baiser, les autres à une poignée de main d’un homme porté par les « François président » et les « On va gagner ».
Ainsi portée par des milliers de réacteurs vivants prêts à pulvériser toutes les météorites, la fusée Hollande a donc décollé vers la planète Elysée où Nicolas Sarkozy vient de rentrer après un week-end à Cayenne. La guerre des étoiles ne fait que commencer.