Un jeune homme n’ayant eu a priori aucun souci majeur dans son passé, raconte du fin fond de sa cellule, avec un cynisme désarmant, la folie meurtrière qui s’est emparée de lui quelques années auparavant et l’a conduit à assassiner ses parents mais également son épouse ainsi que plusieurs autres personnes. Un être totalement dénué de sentiments : « J’ai attrapé le cutter et lui ai tranché la gorge. Je ne sais pas si l’on peut dire que j’étais en colère », pour lequel le fait de tuer n’est ni vraiment source de plaisir, ni objet d’une rage quelconque. Non, il agit sans mobile, froidement, telle une machine.
Fanny Taillandier, jeune auteur de vingt-six ans, dresse ici, dans un style acéré et tranchant comme une lame de poignard -c’est le cas de le dire, l’autoportrait angoissant d’un homme dont la monstruosité est sans limites. Pour lui, tout tourne autour de sa personne, il détient les clefs d’un monde qu’il considère comme une fiction. La seule explication qu’il puisse trouver à ses meurtres est celle-ci : « Sans méchants, pas de gentils. Sans meurtre, pas de spectacle ». Cet être abject conçoit ses atrocités comme quelque chose d’arbitraire, ce qui le rend doublement dangereux pour la société. On peut dénoter un certain goût pour la provocation tout au long du livre, notamment lorsque cet homme dit qu’il a été « arrêté pour un triple meurtre seulement parce qu’il le voulait bien ». Une phrase qui résume bien l’ensemble de l’ouvrage : glaçant, dérangeant. Et au final, un roman qui, s’il n’emportera pas forcément l’adhésion de tous les lecteurs ne vous laissera en aucun cas indifférent.
Par Elise David
Les confessions d’un monstre, de Fanny Taillandier, publié chez Flammarion, 17 euros