1 avril 2023
Et si Romain Gary avait pris de la Kétamine?

Chaque année a lieu dans une ville européenne, le Congrés Européen de la Psychiatrie- (EPA). Cette année, c’est à Paris, au Palais des Congrès que des milliers de chercheurs, praticiens, chef de cliniques ou internes spécialisés dans les troubles mentaux, se sont réunis pendant quatre jours pour échanger et prendre connaissances des dernières découvertes en psychiatrie. Le Congrés a débuté par un état des lieux terrible quant à la prise en charge de plus en plus étendue de populations affectées mentalement par les effets du réchauffement climatiques, la guerre, le Covid ou les migrations imposées. En Europe, on a vu augmenter de 30 % les dépressions en 2020; enregistré 17 millions de cas de Covid long, constaté qu’un nouvel actif sur deux montrait des signes de dépression et que la hausse de un degré de température provoquait 1% de suicides en plus. L’extrême chaleur en Australie a ainsi créé 73 % d’anxiété et 49% de dépressions en plus. Dans les camps de migrants, avec la destruction systématisée du lien familial, en séparant, les hommes, les femmes et les enfants, on arrive à près d’un réfugié sur trois en dépression.

Le cerveau, ce grand mystère

Alors que proposer, face à des impondérables tels que le réchauffement de la planète avec ses millions de déplacés, les traumatismes liés aux catastrophes naturelles comme le tremblement de terre en Turquie et Syrie? Qu’offrir comme moyens de résilience aux victimes et témoins de guerre, de viols et de génocide culturel, pour soulager tous ces cerveaux, ces neurones, ces synapses en extrême souffrance? Pas moins d’une centaine de conférences, présentant les travaux de recherche de psychiatres venus de toute l’Europe, ont tenté de convaincre à renforts de power points défilant à la vitesse grand V que le cerveau était loin de leur révéler ses mystères. Et, qu’il lui arrivait même de les surprendre, comme avec la fameuse sérotonine et son médicament jugé miraculeux dans sa recapture-la star Prozac; plus les doses augmentent, plus la dépression aussi. Les tests sur les souris sont sans appel, le Prozac augmente leur symptômes dépressifs à moins de leur fournir un environnement « supportive », bénéfique. Et c’est là que tous ces experts présents reconnaissent leur impuissance à soigner ceux que plus rien ni personne ne peuvent raccrocher à la vie.

L’intelligence? un facteur de comorbidité

Il a en effet été démontré qu’en cas de neuroplasticité supérieure à la moyenne- bref des patients que l’on pourrait qualifier de particulièrement intelligents comme l’écrivain Romain Gary, les effets du stress étaient bien supérieurs sur eux, avec un risque accru de dépression, a fortiori en cas de traumatisme- rappelons que sa seconde épouse Jean Seberg, dont il était séparé, se suicida dix ans avant lui. Mais, qu’à force de temps, cette neuroplasticité devenait une alliée, « en encaissant plus facilement ».

Relégué aux antidépresseurs « has been », le Prozac est aujourd’hui challengé par la Kétamine, à l’origine un anesthésiant pour les chevaux, qui fait l’objet de plus en plus d’études, son action se révélant très variable selon les individus dans sa capacité de plonger le patient dans un état de dissociation, où il devient observateur de son mal et non plus, sa proie impuissante.

Quant aux champignons magiques ou psilocybine-ça fait plus sérieux- des chercheurs de Maastricht ont révélé des résultats pleins d’espoirs, en ayant pu réduire grâce à leur emploi, la moitié des dépressions en une semaine en 2016, alors qu’il fallait un traitement sur six mois cinq ans auparavant. Et cela en l’absence de dépendance;« la psilocybine initie sur le cerveau comme une cascade qui se diffuse via les neurotransmetteurs et neutralise les neurones qui inhibent, via le glutamate, la sécrétion de dopamine. » Bref, le circuit de récompense est réactivé, comme le corps le fait naturellement avec l’exercice physique. 

TDAH (lequel ne peut se déclarer à l’âge adulte-il est forcement présent dès l’adolescence), Schizophrénie, TOC, rôle de l’alimentation, autisme, effets du cannabis, autant de sujets qui furent traités mais il nous a manqué le don d’ubiquité avec une dizaine de salles abordant dans chacune un sujet, aux mêmes horaires-dès huit heures du matin! Et bien sûr en anglais.

Par Laetitia Monsacré

Pour aller plus loin…

Et pour ceux qui ont besoin de voir pour croire, la photo du milieu démontrant la « cassure » d’un neurotransmetteur malade

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