4 mai 2014
Edwy Plenel/ De la résistance

Dire-non-de-Edwy-Plenel

Edwy Plenel serait-il un résistant des temps modernes? Après Indignez-vous de Stéphane Hessel ( le livre lui est d’ailleurs dédié), voilà Dire non, un essai où le créateur de Médiapart- ce site qui démontre que le journalisme d’investigation n’est pas totalement mort et qu’un media peut vivre en se passant des pubs pour les montres de luxe- appelle « au sursaut ». La France? « Un  Titanic » victime d’une crise « avant tout politique », face à autant de monstres nés de la peur et de la haine. Il s’agit ainsi de« réinventer les espérances du futur », face à des gouvernements successifs qui enchainent les politiques sécuritaires à courte vue, et malheureusement « persuadés que la politique n’est qu’une variété des relations publiques » comme l’avait si justement pressenti la philosophe Hannah Arendt. L’affaire Dreyfus, la défaite de 1940, De Gaulle, la guerre d’Algérie, Edwy Plenel prend son temps pour en venir à François Hollande, lui rappelant toutes les promesses de son discours du Bourget- comme le droit de vote pour les étrangers. Et de citer avec justesse, pour qualifier l’alternance et le nouveau gouvernement, Tocqueville: « les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent ».

Les assassins d’aube

Que de désillusions en effet depuis 2012 pour ce journaliste qui personnifie après son père, Alain Plenel, cette belle définition que fit Françoise Sagan: « Face à l’injustice, l’homme de droite dit: c’est terrible mais c’est inévitable, tandis que l’homme de gauche dit: c’est terrible et c’est inacceptable ».  Inacceptables ainsi les mots de Manuel Valls alors Ministre de l’Intérieur sur les Roms, inacceptable notre abandon de la Grèce, inacceptables les fraudes fiscales et autres diabolisations de l’islam. La liste est longue, le constat amer, nourri de citations et de références à l’histoire comme pour rappeler qu’en 1943, dans les Forces Françaises libres qui libérèrent la France, 66 % des soldats étaient coloniaux et seulement 18 % étaient des « Français de souche ». « Nous n’avons peut-être que nos idées, que nos mots. Mais il dressent un idéal français. » Loin d’être dans la polémique ou dans le discours vindicatif, Edwy Plenel livre ici un beau texte, ô combien salutaire, appelant avec les mots d’ Aimé Césaire, à ne pas « livrer le monde aux assassins d’aube ». Qu’il soit entendu et remercié de cela.

LM

Dire Non, d’Edwy Plenel aux editions (bien nommées) Don Quichotte, 14 euros

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