14 mai 2012
DSK Story

Un an. DSK fête aujourd hui un anniversaire dont il se serait bien passé, celui de son arrestation à New York après qu’une femme de chambre ait appelé la police pour porter plainte pour viol. Pas besoin de revenir sur les faits, vous les connaissez tous, enfin vous croyez les connaitre. A quel moment avez vous fini d’ en parler au café, au bureau, en couple…Un vrai séisme qui nous laissa tous incrédules et oublieux aujourd’hui que sans cela il aurait été le candidat de la gauche. De quoi faire dire au comique Christophe Alêvéque le soir du premier tour-les dossiers du Carlton étant prévus pour émerger en mars, « ce soir, nous, les sympathisants de gauche, on aurait  piscine ». La droite serait aujourd ‘hui encore au pouvoir et Sarkozy, là pour à nouveau cinq ans. Ce qui est également certain c’est que cette affaire a révélé à l ‘époque l’hypocrisie de la presse française à reconnaitre que le favori à l’époque à la course pour l’Elysée avait définitivement un problème avec sa sexualité. Chose connue dans tous les milieux « bien informés » comme l’on dit, avec  la rédactrice en chef de Libération admettant ne jamais envoyer de journaliste femme seule pour interviewer le Président du FMI. Ses dérives sexuelles auraient-elles fait de lui un mauvais président? L’histoire ne le dira pas. Ce qu’elle a en revanche mis en lumière, c’est l’incroyable capacité de censure et d’autocensure qui existe chez les médias français. N’a t-on pas vu en 1974  le Président de la république, Georges Pompidou mourir en exercice sans qu’aucune information sur la maladie qui le rongeait depuis plus d’un an n’ait filtré, l’Elysée considérant que cela relevait de la sphère privée? Plus récemment, la découverte de la fille cachée de Mitterrand lors de fausses photos cachées prises par Paris Match donna cours à de mémorables prises de positions- notamment de cette grande dame du journalisme qu’était Françoise Giroud.

 

Corporatisme et allégeances

Grande, mais  quelque peu condescendante, lorsqu’elle s’insurgeait dans sa chronique du Journal du Dimanche que ce genre d’information n’avait pas à être porté à la connaissance du  français lambda, vraisemblablement incapable de faire la part des choses. Comprenez, il existe en France une élite bien pensante composée d’une poignée d’éditorialistes, de notables directement hérités du XIX ème siècle et de dirigeants pour lesquels il est de bon ton,  depuis toujours , de se repasser les informations sur la vie privée de ceux qui nous gouvernent loin du vulgum pecus. Et ce n’est pas la presse people qui changera cela, confinée aux amours des stars de la télé réalité ou d’artistes en mal de publicité. Non, l’homme politique est ici intouchable au point qu’il faut aller sur les sites internet des médias étrangers pour apprendre que la première dame de France, Carla Bruni Sarkozy est enceinte. Aucun groupe de presse ne se risque plus en effet à publier sans l’accord de l’Elysée des photos non validées comme celle de Cécilia Sarkozy en compagnie de son amant Richard Attias dans Paris Match, ce qui à l’époque coûta son poste à son directeur de la rédaction, Alain Genestar. C’est cet esprit corporatiste et cette tradition sans faille que les déboires en Amérique de Dominique Stauss Kahn ont fait voler en éclat, provoquant pas mal de remous dans les rédactions françaises, sclérosées par des chapelles  les condamnant à un mimétisme qui  est certainement  à l’origine de la désaffection du public. Sans compter  les allégeances. Ainsi dans l’Express dont le directeur est un proche des Sarkozy, le traitement plus qu’ opportuniste en juillet des accusations de  Tristane Banon,  avait’il sans doute porté l’estocade finale à la possibilité d’un  retour de DSK en politique, bien avant les révélations autour de l ‘ affaire Carlton et sa mise en examen  pour proxennetisme y gagnant au passage un nouveau statut de pestiferé à la veille de l élection. Va- t’on à nouveau dans la presse voir celui qui parait de moins en moins comme une victime encore une fois « livrée aux chiens » pour reprendre l’expression de François Mitterrand qualifiant ainsi  les journalistes après le suicide de son premier ministre, Pierre Bérégovoy? Ce qui est certain dans  tous les cas, c’est que cette fois ci, ce n’est pas par les poches comme nous y avions été si souvent habitués en France, mais bien par la braguette que le scandale est arrivé…

par Laetitia Monsacré

Articles similaires