Elle a fait le Zénith, Camille, et pourrait sans doute le remplir à nouveau. Mais c’est au Café de la danse, petite salle parisienne, qu’elle a préféré s’installer pour quelques dates, archi complètes depuis des mois, et qui en ont laissé pas mal sur le carreau, la mort dans l’âme. Car un concert de Camille est une expérience totale. Choisir un espace intimiste, la chanteuse y tient. Surtout pour présenter ce dernier album Iloveyou dans lequel, plus que jamais, elle donne toute la place à la voix, au souffle, aux percussions corporelles et aux chœurs. C’est donc face à un public assis sur les gradins ou par terre, toutes oreilles dehors, que Camille s’avance sur la scène, pieds nus, vêtue d’une robe un peu new age, cheveux lâchés, quelques uns tressés. Une seule source de lumière l’éclaire. Une ampoule suspendue, comme tombée du ciel, seul repère dans cette caverne mystérieuse qu’est soudain devenu le Café de la Danse. Une scénographie dépouillée pour une première partie de concert qui ne l’est pas moins.
Au creux de l’oreille
Les morceaux du dernier album défilent, acoustiques ou a capella. Pas de micro sur pied, ni à la main. Camille est mystérieusement mais parfaitement sonorisée sans que le spectateur ne se rende compte de rien. Si bien qu’il semble qu’elle nous chante ses refrains, ses comptines, au creux de l’oreille. Rien que pour nous. Libérée de ce micro, la chanteuse peut disposer de son corps librement. Ce corps qu’elle a gracieux et dont elle ne cesse de se servir pour faire vivre ses chansons. Sur « L’étourderie », Camille fait du hula hoop en ombre chinoise. Sur le très sensuel « Wet », elle chante allongée. Et le public écoute dans un silence d’une rare qualité Camille qui, malgré une prestation hyper physique, tient sa note, son fil, sans une seule fausse note. La voix est tour à tour claire comme des bulles de savon « L’Etourderie », « Bubble Lady », volontairement éraillée avec « She was », enfantine et presque criée sur « Allez, allez, allez », morceau grâce auquel le concert prend des allures de cour de récré. Camille clôt logiquement cette première partie de concert avec « Tout dit ». Puis c’est le noir. Si bien que le public, inquiet se demande un instant si Camille a vraiment tout dit. De son dernier album, oui. Place donc aux « tubes » et aux plus anciennes chansons.
Danses venues d’ailleurs
Alors, bien entendu, elle réattaque avec « Ta douleur » et enjoint le public à bouger en criant « Lève-toi ». Et la foule de ne pas se faire pas prier, Camille s’amusant autant que son public. Elle sautille partout, se lâche sur des danses venues d’ailleurs. Tout le monde -les filles surtout, chante à tue-tête des refrains désormais connus de tous. Sur Cats and Dogs, Camille invite la salle à miauler et aboyer, le Café de la danse se transformant l’espace d’une chanson en vaste animalerie. Puis, elle fait chanter le public sur une petite création de son cru, entre vocalises et comptine. Tout le monde jubile. Elle achèvera cette soirée en beauté avec une reprise démente et a capella de Wanna be starting something, de Michael Jackson. Du plaisir, à l’état brut comme seules les grandes sont capables d’en donner.
Par Sarah Gandillot
Au Café de la Danse jusqu’au dimanche 18 décembre puis au Trianon du 10 au 16 mai.