15 décembre 2011
Bach & fils à Versailles

 

Foule des grands soirs à l’Opéra Royal pour cette première d’Amadis de Gaule. Depuis sa réouverture après des travaux de rénovation, le petit bijou construit à la fin du règne de Louis XV a retrouvé sa vocation à produire des spectacles scéniques – il était jusqu’alors cantonné aux grands concerts du festival d’automne du Centre de musique baroque. Et c’est tout un symbole que d’inaugurer la saison avec un ouvrage créé à l’Académie royale de musique – l’Opéra de Paris –, et qui n’a jamais été repris depuis en France. Amadis de Gaule est l’unique opéra français de Johann Christian Bach, l’un des quatre rejetons du grand Jean-Sébastien qui ont embrassé eux aussi une carrière musicale. Inspirée de Quinault, le librettiste attitré de Lully, l’intrigue évoque les amours d’Amadis, prince des Gaules et d’Oriane, contrariés par Arcabonne, prêtresse des Enfers.

Consolation musicale

Du cahier des charges demandant à tirer profit des trompe-l’œil dont est faite la salle, Marcel Bozonnet, sociétaire de la Comédie Française et metteur en scène de la soirée, a suivi les indications à la lettre, oubliant probablement d’animer les situations, lesquelles sombrent souvent dans un statisme convenu. A sa décharge, il faut reconnaître que le livret d’Alphonse de Vismes ne fait pas partie de ceux qui inspirent à la première lecture – avec un premier acte qui se traîne en longueur. Heureusement les deux suivants sont plus resserrés et l’opéra se conclut par un de ces grands finales mêlant chants, chœurs et danses, dont la tradition française a le secret –  héritage de la tragédie lyrique, initiée au siècle précédent par Lully, en réponse à l’opéra italien. A la tête de son orchestre « Le Cercle de l’Harmonie », Jérémie Rohrer met en valeur, avec bonheur et énergie, les couleurs pastel de la partition, oscillant entre baroque et préromantisme. Quant au plateau vocal, Philippe Do le domine largement avec une incarnation du héros éponyme magnifiée par sa diction limpide – ce qui s’avère essentiel, vu l’absence de surtitres. Et on ne s’en plaindra pas – la musique avant tout…

Par Gilles Moîné-Charrassier

Après les deux représentations à l’Opéra Royal qui ont eu lieu les 10 et 12 décembre, le spectacle sera donné à l’Opéra Comique du 2 au 8 janvier 2012.

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