Freddy Head ne s’est jamais »débotté »définitivement. Après celles de jockey, qui gagne son premier Prix de l’Arc-le must en galop sur du plat- à 19 ans, il a chaussé celles d’entraineur, avec succès. Des bottes en caoutchouc vert, sorties de son coffre de voiture sur ce parking où il me dit que non, l’interview ne sera finalement pas possible. Qu’il n’a pas le temps alors qu’il me l’a promis, que ce n’était pas au débotté… Mais, voilà, il n’est pas friand de l’exercice. Ce que j’avais deviné- son dernier et seul portrait remontant à 1996-ses débuts comme entraineur, écrit par Homéric, la star des journalistes hippiques (qui a sorti un magnifique Dictionnaire du Cheval chez Plon). « C’est la même chose » me dit-il très sérieusement quand je le mentionne, prête à le suivre sur la piste d’entraînement où, jumelles autour du cou, il rejoint ses chevaux ce matin de fin août. Il est neuf heures et le soleil boude l’hippodrome de Touques à Deauville. Une saison s’achève avec ses victoires-Prix Maurice de Gheest ou ses défaites Prix Jacques Le Marois pour sa pouliche baie de 4 ans, Moonlight Cloud, qui a perdu juste d’un nez la course du Jubilee de Diamant de la reine à Ascot. Autant dire le Graal pour une crack à l’image de Goldikova, cette star des pistes qui a finit l’an dernier sa carrière sur ce même hippodrome avec un palmarès étourdissant. Pour les Wertheimer, ces deux frères propriétaire de la maison Chanel et qui cultivent la discrétion, Freddy Head a mené cette jeune retraitée à la victoire, de la Breeder’s cup aux Etats-Unis en passant par Ascot-17 victoires sur 25 courses et cela jusqu’à ses six ans-un record. Comment explique-t’ il ce génie qu’ont certains chevaux, cette étoffe de champions alors que 440 yearlings ont été présentés à la vente le 22 aout dernier à Deauville? Comment choisir? Est ce dans les gênes-la soeur de Goldikova fait également une très belle carrière alors que toutes deux sont nées et ont été élevées au haras des Wertheimer. Avoir été jockey permet-il une meilleur compréhension de la course et donc de la victoire? Monte-t’il encore à 65 ans? Et surtout aurait-il pu et voulu faire autre chose que vivre au milieu des chevaux dans cette famille où l’on est jockey champion de grand père en fils-ou entraineur comme sa soeur Cricket, pour défendre entre autre les couleurs de leur mère-propriétaire. Voilà toutes les questions que j’aurais aimées lui poser tandis que le blouson rouge est déjà loin. Lui en vouloir? Même pas. Entre gens de chevaux, on sait que ces derniers passent toujours avant. Et que c’est en les respectant que l’on en fait des cracks. Le reste ne mérite pas qu’on y perde trop de temps, ni d’énergie…